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Angela

Angela est une jeune Sicilienne issue d’une famille modeste, et parmi les trois filles, elle est la seule à vouloir étudier, soutenue par ses parents qui placent beaucoup d’espoir en elle. Elle obtient une licence en langues et, n’ayant trouvé que des emplois précaires dans sa ville, elle quitte sans hésitation sa maison pour s’installer à Paris, où elle a reçu une offre intéressante d’une entreprise multinationale. Elle peut bien utiliser sa connaissance de l’anglais et, surtout, du français, que tous reconnaissent comme étant de haut niveau.
La vie à Paris n’est pas facile pour elle. Elle emménage avec une amie sicilienne pour partager les frais. Le rythme de la capitale est effréné et le climat la fait souffrir, mais elle accepte de « supporter » cela pour quelques années grâce à son bon travail, en attendant de voir ce que l’avenir lui réserve.
Angela n’a jamais été une grande mangeuse, mais à Paris, elle se nourrit très mal : elle achète des « cochonneries » sans faire attention aux ingrédients, saute souvent le déjeuner, et se goinfre le soir. Son alimentation est très déséquilibrée, et elle boit trop souvent du vin le soir en grande quantité. Sa colocataire, passionnée de cuisine, essaie de l’aider avec des plats savoureux et équilibrés, mais en vain.
Le vin devient un véritable problème pour Angela ; elle en consomme trop et trop souvent, et se sent mal à la maison. Son amie commence à se sentir mal à l’aise lorsque Angela est éméchée, au point de décider de quitter l’appartement pour chercher une autre solution. Angela trouve dans la bouteille son seul divertissement, sa nourriture, son anxiolytique, et sa compagnie.
Après plusieurs retards au bureau, elle reçoit une lettre d’avertissement pour ses horaires non respectés. Son patron, qui l’apprécie malgré tout, essaie de la mettre « dos au mur » pour son propre bien. Après une discussion tendue, Angela promet de rejoindre un groupe d’entraide pour alcooliques, faute de quoi son poste serait en danger.
Quelques mois passent, et Angela semble avoir repris le « contrôle » sur le vin, mais elle ne mange plus et perd du poids à vue d’œil. Ses collègues s’inquiètent pour elle, lui offrent leur soutien, mais la jeune femme, désormais abstinente, est visiblement en sous-poids.
Angela ne retourne pas en Sicile depuis trop longtemps, et ses parents décident (sans lui en parler) de se rendre à Paris pour comprendre ce qui se passe. Ils la trouvent dans un état déplorable, confuse et « perdue ». Ils insistent pour qu’elle rentre avec eux en Sicile, laissant le travail de côté, car il s’agit de sauver Angela, qui est dans une impasse.
Ils la ramènent à la maison pour la soigner. Le médecin de famille explique que la jeune femme doit être suivie dans un centre spécialisé et recommande une communauté spécialisée dans les troubles alimentaires en Lombardie. Angela ne veut pas y aller, mais elle est trop faible pour résister et se laisse convaincre. Elle décrit ainsi son expérience : « … C’était comme une caserne, des dortoirs avec plusieurs lits, aucune intimité, des horaires et des tâches quotidiennes. Des filles qui erraient sans but, des séances de psychothérapie quotidiennes et beaucoup de psychotropes. »
Après deux mois, Angela décide de quitter la communauté malgré l’avis contraire des médecins et de sa famille, et recommence à boire. Elle retourne chez elle, mais garde avec elle le numéro de téléphone d’un psychothérapeute de Soremax, donné par une compagne de chambre. Elle nous contacte, et vu la distance, nous lui proposons initialement des séances par Skype en attendant de voir comment procéder. Angela accepte courageusement de venir à Nice, une ville qu’elle pense pouvoir aimer.
Le travail en personne permet à Angela de commencer à aborder à la fois les questions liées à la nourriture et sa dépendance à l’alcool, toujours présente en arrière-plan. Elle trouve une chambre en location et un petit boulot comme plongeuse dans une pizzeria en ville pour pouvoir continuer le travail thérapeutique.
Au travail, elle se fait apprécier ; elle est bien sûr surqualifiée comme plongeuse, et une cliente de la pizzeria lui propose de s’occuper de son enfant à domicile comme nounou. Angela accepte, les horaires sont normaux et elle aime les enfants, elle en voudrait même un à elle. Un jour, elle arrive en séance très angoissée, raconte un rêve, mais il est trop confus pour être interprété : il y a du vin… une fête… des jeunes… et d’autres éléments peu clairs.
Soudain, elle se souvient qu’un garçon, alors qu’elle était adolescente, l’avait fait beaucoup boire à une fête, puis elle s’était retrouvée dans la rue avec lui, ivre, sans sa veste. Elle est très bouleversée, l’idée commence à germer que le garçon aurait pu lui faire quelque chose alors qu’elle était ivre, car elle ne l’a jamais revu ni entendu depuis. Elle commence à pleurer, ressent un désir incontrôlable de boire, ce qui pourrait expliquer son usage de l’alcool comme « antidote » à l’angoisse liée à des contenus sexuels refoulés.
C’est un passage douloureux et traumatisant qui arrive lentement à la conscience d’Angela, lui permettant de reconsidérer sa dépendance à l’alcool et son utilisation du vin pour « oublier ».
Un mois extrêmement difficile s’écoule, ce qui nous inquiète également, car il semble que la nourriture et l’alcool soient totalement hors de contrôle pour Angela. Nous intensifions les séances pour créer une sorte de « périmètre psychologique » autour d’Angela, qui émerge lentement de ses angoisses. Le travail psychologique et sensoriel sur la question de l’alimentation se poursuit, sans jamais perdre de vue sa dépendance à l’alcool.
Après plus d’un an de thérapie psychologique combinée à un accompagnement ciblé sur la question de l’alimentation pour lui redonner le plaisir de manger à travers les arômes, les couleurs, les goûts et les bonnes associations, Angela a repris quelques kilos et fait beaucoup plus attention à ce qu’elle mange en termes de qualité, sans compter les sucres ou les calories.
Elle a beaucoup moins besoin de boire et se sent physiquement plus légère et « lucide ». Le travail continue, mais Angela n’est plus en danger de mort. Elle peut désormais faire des projets, tant sur le plan professionnel que personnel ; en un mot, elle a retrouvé l’espoir de vivre, qui avait totalement disparu pendant de longues années.

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – règlement UE 2016/679.

Claire et sa famille

Claire est une jeune femme de trente ans qui s’est adressée à Soremax pour une grave souffrance anorexique avec laquelle elle a « vécu » depuis son adolescence. Dès les premières séances, Claire parle de son histoire familiale très difficile, ses parents ont toujours été durs et violents dans leur comportement entre eux et avec les enfants.

Le père de Claire avait commencé à travailler comme mécanicien, puis peu à peu il avait ouvert son propre atelier et actuellement il possède une importante concession automobile où travaillent les deux enfants, Claire s’occupant des formalités d’immatriculation et son frère des ventes.

Dans le récit de Claire, son père rentrait souvent ivre du travail le soir, ce qui déclenchait des disputes avec sa femme et, souvent, des gifles volaient entre eux et si les enfants intervenaient, ils recevaient aussi des coups. En particulier, le père s’en prenait au garçon, qu’il emmenait travailler avec lui à l’atelier dès son adolescence.

Dans le récit de Claire, sa mère a toujours été complice, provoquant l’homme et l’insultant, ce qui menait à des coups pour tout le monde, dans une sorte de folie collective. Claire avait toujours travaillé avec son père, d’abord dans l’atelier, puis dans la concession, exploitée et mal payée. Son frère aussi est soumis à leur père, en fait, il n’a aucun pouvoir décisionnel, il se pavane seulement avec les grosses voitures qu’ils vendent.

Jusqu’à il y a trois ans, Claire vivait chez ses parents, puis, grâce à un petit héritage d’une tante, elle a réussi à s’acheter un studio et est allée vivre seule, avec une grande joie.

Le contact avec Soremax était dû à son inquiétude pour sa perte de poids excessive, c’est une anorexique restrictive qui a souvent été hospitalisée pour de courtes périodes à cause de malaises, de tachycardies et d’aménorrhée. Elle rapporte avoir toujours eu des difficultés avec la nourriture, depuis son enfance elle ne mangeait pas et cela mettait en colère son père qui voulait des enfants robustes et en « bonne chair ».

À l’école, elle avait de mauvais résultats, était désintéressée et très isolée de ses camarades. Elle se souvient de longs après-midis seule à la maison. Dès l’âge de 13 ans, la perte de poids s’est accentuée et plusieurs médecins ont été consultés, prescrivant des vitamines et des reconstituants, qu’elle ne prenait jamais, en cachette de ses parents.

Claire était toujours très isolée et bien contente, même avec sa maigreur, de ne pas attirer l’attention des garçons. La jeune fille a appris à vivre toutes ces années avec sa grande souffrance anorexique, alternée de crises boulimiques pendant lesquelles elle abusait de tranquillisants et d’antidépresseurs, en plus de l’utilisation inconsidérée de laxatifs.

Après avoir terminé l’école obligatoire, par l’intermédiaire d’une connaissance, elle avait trouvé un petit travail d’apprentie chez une coiffeuse, mais, avec sa dureté habituelle, son père l’avait forcée à quitter la coiffeuse pour commencer à travailler avec lui dans l’atelier, sans contrat et pour quatre sous.

Les premières séances avec Claire ont été difficiles, elle était très émue et parlait avec difficulté, de grands soupirs, les yeux humides et des gestes nerveux, souvent la tête baissée. Avec difficulté, Claire a parlé de sa peur de la nourriture, qu’elle considère comme un ennemi, un poison dont elle doit s’éloigner au maximum. La famille est seulement une source de douleur et d’angoisse, même son frère n’est pas de son côté, lui aussi pris dans le tourbillon de la souffrance.

Claire s’était enfermée dans un mutisme douloureux où les seuls cris étaient ceux de son symptôme anorexique, invisible à sa famille. Seules quelques amies l’ont aidée à trouver une maison seule et à essayer de demander une augmentation par rapport au salaire de misère fixé par son père. Avec beaucoup de difficulté, elle me raconte que quelques jours auparavant, son frère, complètement ivre, avait essayé de l’embrasser, en vain… Non seulement cela, il avait menacé de la battre si elle disait quelque chose à leurs parents

Un rêve qu’elle rapporte en séance illustre bien le thème qui l’angoisse : « … Je suis dans un parc en train de lire un livre, puis tout d’un coup toutes les personnes disparaissent et je ne comprends pas pourquoi. Soudain, je vois un animal, comme un lion ou un tigre, venir vers moi d’un air menaçant. Je voudrais crier, mais ma voix ne sort pas et je suis terrifiée à l’idée d’être dévorée vivante par la bête… Je me réveille angoissée et tremblante. »

Dans ce rêve, la jeune fille a pu « donner des mots » à la terreur d’être « mangée » par les autres personnes. Nous travaillons sur cette émotion profonde qui caractérise toute sa vie et soutient ses peurs. Elle décide aussi de confronter son frère, qui est contraint de s’excuser et pour « réparer » l’épisode devra la protéger de leur père chaque fois que nécessaire.

Quelques mois après le début du travail individuel, il se produit un événement que Claire vit comme une importante discontinuité par rapport à ce qu’elle aurait fait normalement : son père reçoit une amende pour excès de vitesse et un retrait de permis. Claire apprend que son père, comme si de rien n’était, exige qu’elle prenne la responsabilité de l’infraction pour lui éviter la sanction.

Pour la première fois, Claire dit non à son père, elle n’a aucune intention de payer pour lui, elle en a assez de subir et de se faire maltraiter ! Son frère, se souvenant de la promesse faite, la soutient et la protège de la colère de leur père. Pour le père, c’est un choc, que les enfants se rebellent n’est même pas pensable, il hurle devant tout le monde dans la concession et, choc supplémentaire, les employés qui assistent à la scène se mettent à rire !

Quelque chose se brise dans les dynamiques familiales et Claire se sent plus légère et comprend que la thérapie lui permet de vivre, vivre comme elle n’aurait jamais pu. Comme dit le proverbe, la chance est aveugle mais la malchance voit très bien, le « pauvre » papa subit bientôt un nouveau choc : sa puissante voiture garée devant la maison est volée ! Claire ne cache pas sa joie pour l’événement, elle dit que Dieu existe vraiment !

En même temps, Claire a d’autres pensées, car elle se trouve face à une situation inattendue et hors de son contrôle habituel : un jeune mécanicien de la concession, mignon et timide, lui demande de sortir. Claire est touchée parce que le garçon lui laisse un petit mot avec son nom à côté d’une tulipe sur le bureau.

Elle m’en parle longuement en séance, elle est émue et cela lui fait plaisir, mais la peur est grande. Les tulipes sont les fleurs préférées de Claire et ce petit geste du jeune homme fait que la jeune fille accepte de sortir avec lui. Ils commencent à se fréquenter, peu à peu le jeune homme montre qu’il l’aime bien et apprécie la douceur de cette jeune fille qui se comporte souvent comme un hérisson à cause de ses peurs.

Depuis un an, le symptôme s’est atténué, Claire vit avec, mais sa vie n’est plus marquée par l’énorme souffrance d’avant ; elle a quitté la concession de son père et travaille dans l’atelier du jeune mécanicien, son actuel petit ami. Elle me dit en souriant : « … Je crois bien que l’animal ne pourra plus me manger… »

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – règlement UE 2016/679.

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