Emma et Manon


Emma et Manon sont mère et fille. Il y a des années, le père est décédé dans un accident de voiture alors qu’il revenait d’un voyage d’affaires. Manon avait neuf ans et garde un bon souvenir de son père, qui jouait avec elle et faisait preuve de beaucoup de douceur. Emma avait dû « se reprendre » immédiatement après ce drame pour protéger Manon et lui offrir toute l’affection et l’attention possibles. C’est justement pour cela qu’elle avait décidé de travailler à temps partiel, afin de suivre sa fille et de lui consacrer du temps après l’école. Il en résulte que les deux femmes sont très proches et complices, même si la mère n’a jamais oublié son rôle ni sa fonction éducative.

Manon a les idées claires : elle veut étudier le droit pour devenir avocate, en se spécialisant surtout dans le droit de la famille, qu’elle ressent davantage comme une mission que comme un métier. Sa mère la soutient dans cette aspiration, elle en est fière, comme l’aurait été son père.

Depuis la mort de son mari, Emma a perdu le goût de cuisiner à la maison. Elle prépare des plats simples, se contentant souvent de produits surgelés. Manon, au contraire, se consacre à la cuisine avec passion et, de plus en plus souvent, c’est elle qui prépare les repas pour elles deux. Elle aime concocter des plats élaborés qu’elle prépare avec soin et « offre » à sa mère pour l’inciter à goûter de bonnes choses.

Ceux qui voient les deux femmes ensemble sont frappés : elles ressemblent à des sœurs, très similaires de visage et de corpulence, souvent habillées de manière similaire.

À la fin du lycée, Manon s’inscrit en droit, qu’elle suit avec une grande assiduité et un vif intérêt, réussissant ses examens sans difficulté. Sa mère l’encourage ensuite à partir un an en Erasmus à l’étranger pour enrichir sa formation. Le choix se porte sur l’Université pour Étrangers de Pérouse, en Italie, également pour des raisons affectives, car le grand-père maternel d’Emma était originaire de Pérouse.

Manon trouve un logement à Pérouse avec deux autres filles françaises qui étudient les langues et apprécie la douceur de vivre de cette ville qui accueille des étudiants du monde entier. Elle a aussi quelques flirts, mais ce sont des histoires sans importance : son objectif est clair, retourner à Nice pour entamer sa carrière d’avocate comme elle l’a toujours prévu.

Lors de son premier retour à Nice depuis Pérouse, elle trouve sa mère triste et « alourdie » : la distance a manifestement eu un impact, surtout sur Emma. Pendant les vacances de Noël, Manon se rend compte que sa mère mange en grande quantité, aussi bien du salé que du sucré. Elle en parle à sa mère, qui minimise les faits, affirmant qu’elle est devenue gourmande avec l’âge et qu’il ne faut pas s’en inquiéter. Un soir, après le dîner, Manon découvre sa mère dans la salle de bain en train de vomir la grande quantité de nourriture qu’elle avait mangée. Elle est effrayée et inquiète, ne sait pas quoi faire, et confronte sa mère directement. Emma lui avoue que cela fait longtemps qu’elle mange de manière compulsive, puis se fait vomir ; parfois elle alterne avec des jours de jeûne, puis cela recommence.

Manon veut aider sa mère, comprend qu’elle souffre depuis longtemps et que la séparation géographique avec Pérouse a accentué cette souffrance, qui s’exprime à travers la nourriture. Elle voudrait l’accompagner chez le médecin pour en parler, mais sa mère refuse, disant qu’elle a trop honte.

Manon se sent impuissante et angoissée, elle sait qu’elle est la seule à pouvoir aider sa mère, mais ne sait pas comment s’y prendre. Elle a une idée : elle propose (impose presque) à sa mère, qui peut faire du télétravail, de venir à Pérouse et de louer un studio ensemble pour les mois restants.

Mais ce n’est pas tout : grâce à l’un de ses professeurs, elle contacte un psychologue et convainc sa mère d’y aller avec elle. Elles commencent une thérapie familiale, qui met en lumière la souffrance jamais apaisée d’Emma face au deuil, ainsi que la fatigue psychologique, proche de l’annihilation de soi, qu’elle a endurée pour élever et protéger Manon.

Mais pour travailler sur ces thèmes, il est nécessaire de poursuivre les séances à Nice. Le hasard veut que le professeur qui a conseillé Manon me connaisse grâce à un séminaire de formation donné justement à Pérouse, il y a quelques années. Ce collègue m’adresse les deux femmes afin de poursuivre les entretiens.

Au fil des séances, il devient clair qu’Emma ne s’est jamais rien accordé : elle vit dans la lumière reflétée de sa fille, de sa réussite et de sa fierté, mais elle s’est complètement éclipsée. Cette prise de conscience entre en conflit avec le sentiment de culpabilité d’Emma, qui ne s’autorise pas à vivre pour elle-même, comme si cela enlevait quelque chose à sa fille. Verbaliser cela est la première étape d’un processus de « différenciation » des deux femmes, qui ne signifie pas se perdre, mais au contraire, valoriser leurs différences.

D’un commun accord, Manon « oblige » sa mère à faire les courses et à préparer des plats pour elles deux, avec un régime sain et équilibré, et elles mangent ensemble dans un moment convivial. Pour Emma, ce n’est pas facile, évidemment, d’autant plus qu’elle se retrouve avec du temps libre qu’elle peut consacrer à des activités qui lui plaisent. Elle s’inscrit à une association qui aide les enfants à faire leurs devoirs après l’école, en mettant à profit ses connaissances en sciences.

Un jour, en séance, Emma verbalise que « remplir » son temps lui permet de ressentir beaucoup moins le vide qu’elle comblait auparavant uniquement par des excès alimentaires, suivis de la culpabilité liée à l’effondrement psychologique qu’elle vivait.

Le travail continue…

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Jeanne

Philippe et Lucie sont les parents de Jeanne, une jeune fille de vingt ans très douée à l’école, introvertie et créative. Elle est passionnée par les langues, souhaite perfectionner son anglais et apprend le japonais ainsi que le chinois.
Après avoir terminé le lycée, elle veut partir vivre et étudier en Angleterre pendant six mois, puis s’installer en Chine pour quelques années.
Elle a une petite relation avec Étienne, mais d’un commun accord, ils décident de se séparer, étant à peine plus que des amis et sachant que le jeune homme n’accepterait jamais une relation à distance, surtout avec la Chine en perspective…

Les parents sont opposés et inquiets à l’idée de son départ en Chine, un pays si lointain, conscients qu’il sera difficile de se voir, mais Jeanne est déterminée à vivre cette expérience.
En Angleterre, Jeanne commence à manger très peu, elle dit à ses parents que la nourriture est mauvaise et chère.
La première fois, après quelques mois, que les parents voient Jeanne à Cambridge, ils sont très choqués : la jeune fille est amaigrie, la peau très pâle et faible physiquement.
Elle travaille le soir dans un pub et étudie l’anglais de manière obsessionnelle pour atteindre un excellent niveau avant de partir pour la Chine. Jeanne ne semble pas consciente de son état de santé, ne se perçoit pas comme extrêmement maigre et attribue sa fatigue à la charge de travail et d’étude.
Les parents essaient encore de lui parler, inquiets pour sa santé, mais Jeanne les rassure : dès qu’elle pourra partir pour la Chine, elle sera plus détendue et avec un « vrai » travail, donc son poids se régulera naturellement.

Philippe et Lucie rentrent chez eux sans être rassurés, bien au contraire, encore plus préoccupés pour leur fille.
Puisque leurs paroles n’ont eu aucun effet sur Jeanne, ils font appel à Étienne, l’ex-petit ami de Jeanne, lui aussi préoccupé pour elle, espérant qu’il pourrait être écouté.
Le jeune homme se rend même à Cambridge sous prétexte d’un séminaire pour rencontrer Jeanne.
Les deux se voient et passent du temps ensemble, joyeusement, avec une sorte de « retour de flamme » qui les surprend et les rend heureux.
Ils peuvent parler de tout sauf de la maigreur de Jeanne, un véritable sujet tabou.
De retour en France, Étienne ne peut que confirmer l’inquiétude partagée avec les parents au sujet de l’état de santé de Jeanne, complètement fermée aux sujets du poids, de la nourriture et de l’image corporelle.

Étienne, qui étudie la psychologie, suggère aux parents de contacter Soremax, pensant qu’ils pourraient en discuter avec nous et, peut-être, envisager quelque chose pour aider Jeanne.
Nous nous rencontrons et alors que nous commençons à envisager une stratégie, un événement inattendu survient : Jeanne est hospitalisée en urgence à cause d’une grave intoxication alimentaire.
Les parents et Étienne s’envolent immédiatement pour l’Angleterre, auprès de Jeanne qui est dans un état critique.
On ne comprend pas bien ce qu’elle a pu manger pour tomber si malade.
L’un des médecins, de manière informelle, pense que Jeanne pourrait avoir abusé de médicaments amaigrissants achetés sur Internet, et ensuite consommé n’importe quoi…

Quoi qu’il en soit, après huit jours à l’hôpital, Jeanne est autorisée à sortir et doit rentrer chez elle avec ses parents.
Bien entendu, Jeanne affirme avoir été victime d’une intoxication et nie toute prise régulière de médicaments pour maigrir.
Les parents sont à bout et ne savent plus quoi faire ; seul Étienne réussit à avoir un dialogue avec Jeanne qui, enfin, lui avoue avoir utilisé des laxatifs pour contrôler son poids car elle se trouve grosse, et lui demande de ne rien dire à ses parents.

Étienne se trouve alors « entre le marteau et l’enclume ».
C’est une situation très difficile, mais fort de ce « retour de flamme » dans sa relation avec Jeanne, il décide d’agir fermement et lui propose d’entreprendre une psychothérapie de couple.
Au début, Jeanne s’y oppose, mais pour ne pas « perdre » Étienne, elle accepte quelques séances en duo.
C’est lui qui propose Soremax, en promettant de ne pas aborder le thème de l’alimentation, mais de se concentrer sur leur dynamique relationnelle.
Jeanne accepte, même si elle reste très réservée.

Comme promis, nous travaillons sur leur relation de couple et sur leurs sentiments respectifs.
Il devient indéniable, au fil des séances, que leur relation est désormais bien plus solide et positive.
Jeanne accepte de poursuivre les entretiens de couple, consciente qu’il faut maintenant aussi aborder sa souffrance liée à l’alimentation, sans détourner le regard du problème.
Ce n’est pas facile pour Jeanne, mais le soutien et l’affection d’Étienne font toute la différence…
Comme toujours, nous associons au travail psychologique, dans ce cas en couple, l’atelier sensoriel-gustatif pour aider à retrouver le « plaisir » de manger, qui pour Jeanne est devenu un tourment et une peur constante des calories synonymes, pour elle, de prise de poids et de grossissement.

L’atelier de Soremax permet de « redécouvrir » les aliments, les associations et la cinquième saveur, l’umami, sans compter les calories ou les sucres.
Pour Jeanne, tout cela est surprenant, mais elle accepte volontiers de suivre notre proposition.

Jeanne a repris quelques kilos et reste très proche d’Étienne ; ils envisagent de vivre ensemble et (peut-être) de se marier.
Quant à la Chine, le projet est pour le moment repoussé, et il se pourrait qu’ils y aillent ensemble un jour…

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Isabelle


Isabelle se souvient qu’elle a toujours été « bien en chair » depuis son plus jeune âge, une expression terrible pour dire qu’elle était grosse.
Comme elle était sympathique et généreuse, ses camarades de classe l’invitaient toujours à jouer avec eux, mais elle se sentait très mal à l’aise lors des activités physiques. Maladroite et gauche, elle avait demandé à un médecin un certificat pour être dispensée de cours de gymnastique à l’école, comme les autres filles.

À l’adolescence, elle avait perdu du poids pendant quelques années et en était très contente. Elle avait eu une relation amoureuse pendant deux ans avec un garçon, mais soudainement, il avait disparu. Pire encore, le garçon s’était mis en couple avec une de ses amies. Résultat : elle avait perdu à la fois l’ami et le petit ami. Dès lors, elle s’était réfugiée dans la nourriture ; elle avait toujours envie de grignoter quelque chose, surtout des sucreries, bien qu’elle sache qu’elles lui faisaient du mal.

Ses parents avaient tout essayé, en douceur ou avec autorité : régimes, contrôles médicaux, gymnastique — en vain. Une série de séances avec un psychologue avait atténué la « faim » d’Isabelle, mais elle avait décidé d’interrompre la thérapie.

Aujourd’hui, Isabelle est une jeune femme de 26 ans. Elle a étudié l’informatique, sa passion, et travaille dans une grande entreprise. Elle a pratiquement essayé tous les régimes possibles ; au début elle perd du poids, mais au bout d’un ou deux mois elle perd le contrôle et reprend tout le poids perdu, accompagnée de déception et de colère face à cet échec.

Elle a même été hospitalisée dans un centre spécialisé, mais a interrompu le programme après trois semaines car elle se sentait « en prison ».

Elle vit encore avec ses parents (elle est fille unique) et les relations familiales sont bonnes.
Le chagrin de ses parents est de la voir seule, sans compagnon, elle qui est une fille si gentille et sensible. Elle a eu une relation avec un collègue de travail, lui aussi en surpoids, et voici ce qu’elle nous dit : « Nous avons le même problème : nous ne nous plaisons pas, mais la solitude est douloureuse. »
Cette histoire dure, entre hauts et bas, pendant deux ans, puis le garçon est transféré dans une filiale à l’étranger.

C’est un choc pour Isabelle. Il lui assure que leur relation pourra continuer malgré la distance, mais elle a un très mauvais pressentiment. Au début, ils parviennent à se voir au moins une fois par mois, puis les choses deviennent compliquées. Le garçon s’éloigne de plus en plus jusqu’à ce qu’Isabelle, dans un accès de colère, décide de mettre fin à leur relation. Il « disparaît » et confirme à Isabelle que leur histoire était finie depuis longtemps, malheureusement.

Les conséquences de cette rupture sont très lourdes pour Isabelle : elle reprend encore du poids, dort mal, et le soir, elle boit souvent des alcools forts… pour l’aider à dormir.

Les journées d’Isabelle sont toutes identiques : elle se lève, va au travail, rentre à la maison et mange.
Le samedi et le dimanche, elle regarde des séries télévisées et… mange.

Ses parents sont désespérés car Isabelle semble avoir « laissé tomber », elle ne s’intéresse à rien, ne voit personne et mange, mange…
Ils la forcent, à contrecœur, à consulter un nutritionniste (l’un de plus), mais celui-ci adopte une approche différente.
Au lieu de parler de régimes, d’aliments et d’associations alimentaires, il lui propose de passer le test PCS que nous, chez Soremax, avons conçu : une série de vingt questions visant à comprendre la relation entre les émotions et la nourriture. En effet, nous pensons que si l’on ne part pas de la connexion intime entre l’alimentation et nos émotions, il ne sert à rien de parler de calories, de sucres et de nutriments…

Le test éveille un peu la curiosité d’Isabelle, étonnée que le nutritionniste ne lui prescrive pas un régime (elle sait très bien que cela ne fonctionnera pas). Les résultats du test révèlent des aspects émotionnels liés au sentiment d’abandon et à une profonde nostalgie. Ces éléments doivent évidemment être replacés dans l’histoire d’Isabelle, et le nutritionniste lui suggère alors de rencontrer Soremax, avec la promesse qu’on ne parlera absolument pas de nourriture ni de régimes.

Rassurée, Isabelle accepte de nous rencontrer. L’entretien est difficile : Isabelle est découragée, en colère contre le monde et, surtout, contre elle-même.
Nous parvenons à convenir d’autres rendez-vous pour essayer de comprendre l’origine de ses sentiments d’abandon et de nostalgie.
Peu à peu, une douleur profonde refait surface : celle d’un déménagement, à l’âge de huit ans, d’un petit village paisible vers une grande métropole — un événement qu’Isabelle a très mal vécu.
Elle n’en avait jamais parlé à ses parents pour ne pas les inquiéter, mais elle se sentait complètement perdue, sans ses petites amies d’école.
À un moment donné de la séance, elle se souvient qu’elle volait de l’argent à la maison pour acheter en cachette des goûters qu’elle mangeait à l’école.
La nourriture commençait à devenir pour elle un « anxiolytique », lui permettant de vivre sans ressentir trop de douleur.

Nous abordons ensuite le douloureux chapitre des abandons amoureux, qui la font encore énormément souffrir.
Elle nous dit que le vide qu’elle ressent ne peut être comblé que par la nourriture, qui la remplit et l’engourdit en même temps.

Verbaliser ces aspects constitue le début du travail psychologique pour Isabelle, mais il faut aussi affronter de front le désordre alimentaire total de la jeune femme.
Isabelle nous avait confié qu’il lui arrivait parfois de manger des aliments encore partiellement surgelés, juste pour se remplir, non pour se nourrir !

Chez Soremax, nous utilisons les aspects sensoriels et gustatifs des aliments pour adopter une approche plus saine de l’alimentation, en nous détachant du comptage des calories ou d’autres aspects « techniques » des régimes, souvent voués à l’échec dans des cas comme celui-ci.

Saveur, couleur, plaisir, goût et umami (la cinquième saveur) sont les axes de travail de Soremax pour aborder l’alimentation comme un plaisir, un désir retrouvé de consommer ce qui nous plaît et nous fait du bien.

En parallèle aux séances psychologiques, Isabelle est « accompagnée » pour faire ses courses, découvrir les aliments, apprendre à les associer et en apprécier les parfums et les goûts (qu’elle ignorait totalement).
C’est un travail délicat que nous menons avec elle, pour lui permettre d’acquérir une conscience de soi à travers la redécouverte de la nourriture comme plaisir, et non comme « ennemie » ou poison.

Isabelle est ensuite encouragée à retrouver un minimum de vie sociale, à rencontrer des gens et à ne pas passer ses week-ends devant la télévision…

Sachant qu’elle aime les animaux, nous la convainquons de se porter volontaire dans une association. D’abord hésitante, elle accepte finalement et commence à participer aux collectes de fonds et à s’occuper de quelques chiens abandonnés pris en charge par l’association.

Il ne se passe même pas un mois avant qu’un beau setter (abandonné) ne la « choisisse », et Isabelle décide de le ramener chez elle.
Ses parents sont contre : ils n’ont jamais eu d’animaux à la maison et sa mère a peur des chiens !
Après une courte bataille domestique, le setter est désormais bien installé à la maison et fait la joie des trois membres de la famille par sa douceur et sa gaieté.

Le travail continue. Isabelle est consciente que ce n’est que le début d’un parcours qu’elle peut suivre avec l’aide de Soremax, mais qui exige aussi qu’elle s’implique personnellement pour atteindre un résultat positif — sans se sentir coupable, « défaillante » ou malade…

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Löic


Löic est un trentenaire qui travaille dans une agence immobilière depuis de nombreuses années.
Il est apprécié et bien vu par le directeur et ses collègues pour son professionnalisme et son intégrité.
Il accorde une grande importance à son apparence et s’habille toujours avec goût et attention aux détails, que ce soit une paire de chaussures, une chemise ou une veste élégante.

Plutôt réservé, il n’aime pas parler de sa vie en dehors du travail et participe rarement aux apéritifs entre collègues. Cependant, il raconte souvent ses voyages aventureux dans de magnifiques endroits avec de petits groupes de participants.
À l’agence, ses collègues ne savent pas s’il a une petite amie ou si, peut-être, il est si réservé parce qu’il ne veut pas que l’on sache qu’il est homosexuel.

Quoi qu’il en soit, Löic travaille avec d’excellents résultats et gagne bien sa vie, un salaire amplement mérité.
Un jour, un de ses collègues aperçoit sur son bureau un médicament utilisé pour perdre du poids.
Naïvement, il lui demande pourquoi il en prend, étant donné que Löic est visiblement en forme et qu’il n’a certainement pas un gramme de graisse en trop.

Löic semble très contrarié par cette question, ne sait pas trop quoi répondre et se montre plutôt agressif envers son collègue.
D’autres collègues, témoins de la scène par hasard, tentent d’apaiser l’atmosphère, mais Löic est bouleversé, vexé, et quitte soudainement l’agence sous le regard stupéfait de ses collègues.

Martine, une collègue peinée par ce qui vient de se passer, le suit pour le rassurer, mais elle est repoussée et reçoit des paroles désagréables…
À l’agence, tout le monde est choqué et attristé par l’incident, un véritable coup de tonnerre dans un ciel serein.

Le lendemain, Löic ne vient pas travailler, il se déclare malade et ne répond ni aux appels de son patron ni à ceux de ses collègues.
En réalité, il reste “en arrêt maladie” pendant une semaine, laissant ses collègues de plus en plus perplexes et inquiets.

Lorsqu’il revient au travail, personne ne fait allusion à l’incident, et bien sûr, lui non plus.
Martine, qui l’avait suivi hors du bureau, ne parvient pas à faire comme si de rien n’était et, avec douceur, lui parle pour essayer de comprendre et de lui offrir son amitié sincère.

Ils se retrouvent le soir dans un bar, et Löic, les yeux humides, lui avoue qu’il va très mal. Il ne veut pas montrer sa faiblesse aux autres, mais il n’en peut plus et éclate en sanglots.
Martine est bouleversée et comprend alors la grande souffrance que Löic a toujours cachée.

Avec beaucoup de délicatesse, elle attend qu’il poursuive et révèle enfin la raison d’une telle détresse : elle apprend ainsi que le jeune homme est anorexique depuis de nombreuses années.
Il mange toujours les mêmes deux ou trois aliments et ne fait jamais d’écart.
De plus, il va très souvent à la salle de sport pour brûler des calories et, depuis quelques semaines, il a réussi à obtenir d’un médecin une prescription de médicaments “pour maigrir” car il se perçoit comme étant gros !

Il devient alors évident pourquoi Löic avait un comportement si “étrange”, pourquoi il gardait son secret au bureau et pourquoi il semblait toujours si distant et froid.

Martine s’inquiète pour lui et lui propose des pistes pour accéder à des consultations ou des groupes de soutien afin d’affronter la souffrance qui lui gâche la vie.
Sur Internet, Martine trouve Soremax, qui lui semble être une opportunité pour Löic de commencer à faire face à sa douleur et d’être aidé par d’autres personnes.

Löic assiste à un premier entretien, accompagné de Martine, qui se révèle être une véritable amie et un réel soutien pour lui.
Très vite, on remarque que Löic ne consomme que deux ou trois types d’aliments, totalement inadaptés pour lui apporter les vitamines, les calories et les nutriments essentiels dont un jeune homme a besoin.
Il se perçoit comme étant gros et cherche en permanence à perdre du poids, que ce soit par le sport, par une alimentation stricte proche d’un “régime de prisonnier de guerre”, ou plus récemment par des médicaments qui lui causent des effets secondaires tels que de violents maux de tête.

La situation est très complexe, mais d’une certaine manière, Löic a enfin brisé son secret avec Martine, qui est bien décidée à faire quelque chose pour l’aider, le sentant humainement fragile et en détresse.

Notre approche privilégie ici l’aspect de la nutrition et de l’alimentation, qui sont pour Löic synonymes de poison, de rejet et de risque de grossir, alors qu’il se perçoit déjà en surpoids.
Le test PCS, que nous lui proposons, nous fournit de nombreuses informations sur les liens entre les aspects psychologiques et les émotions associées à la consommation de certains aliments ou non.

Ce premier contact nous aide à amener Löic à redécouvrir les aliments sous l’angle du goût, des couleurs, des parfums, des associations et des modes de cuisson, afin de réveiller des souvenirs et des émotions bien ancrés dans son esprit, qu’ils soient négatifs ou positifs.

Un premier pas pour essayer de mettre de l’ordre dans le désordre total qu’entretient Löic avec la nourriture, sans compter les calories et les sucres, mais en valorisant l’aspect sensoriel du fait de manger.

Löic reste très sceptique, mais il sait qu’il est dans une impasse et qu’il doit faire quelque chose, faire confiance à quelqu’un.

En quelques mois, Löic commence à goûter des aliments qu’il n’avait pas mangés depuis des années, il abandonne les médicaments “pour maigrir” et parvient à réduire son obsession pour l’entraînement intensif en salle de sport.
Le travail sensoriel autour de la nourriture est accompagné de séances psychologiques, pour lui permettre d’exprimer son angoisse et de le soutenir dans ce parcours difficile, en ayant conscience que lorsqu’on touche le fond, on ne peut que remonter !

Nous utilisons également d’autres tests psychologiques afin d’explorer son passé familial et son histoire, pour l’aider à revoir et à reconnaître l’origine de cette souffrance qu’il a cachée aux autres pendant tant d’années.

Le travail est en cours, et Martine reste toujours très présente aux côtés de Löic, lui apportant un soutien sincère et précieux.
Les plus malveillants murmurent que les deux auraient commencé une relation, qu’ils se voient sans arrêt et forment désormais un couple…


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Céline et Carla


Céline, une jeune fille de dix-sept ans, nous consulte car elle est très inquiète pour sa petite sœur de deux ans sa cadette, Carla, qui depuis quelques mois mange très peu et sans appétit. Céline découvre ensuite que Carla cache de la nourriture dans sa chambre, pour ensuite la jeter discrètement. Les deux sœurs s’entendent très bien et sont complices dans ce qu’elles font. Carla demande à Céline de ne rien dire à leurs parents à propos de son alimentation et de garder le secret.

Leurs parents parlent peu avec leurs filles, tous deux travaillent beaucoup afin de ne manquer de rien à la maison, surtout le père qui fait des heures supplémentaires pour assurer un niveau de vie plus élevé à toute la famille.
Évidemment, Céline est déchirée entre le respect de la volonté de sa sœur et l’inquiétude face à un comportement qu’elle sait potentiellement dangereux.

Pendant plusieurs mois, la situation continue ainsi, jusqu’au soir où Carla rentre ivre à la maison.
Les parents ne semblent pas y prêter attention, tandis que Céline est extrêmement préoccupée pour sa sœur et ne sait pas quoi faire.
Elle est surtout stupéfaite du fait que ses parents ne semblent rien remarquer : ils parlent peu avec leurs filles et ne semblent s’intéresser qu’à leurs résultats scolaires, qui, soit dit en passant, sont excellents pour toutes les deux.

Céline demande un entretien à l’infirmière de l’école (que les deux sœurs fréquentent) afin d’obtenir un conseil et mieux comprendre comment agir avec Carla.
L’infirmière lui propose de rencontrer Carla en toute confidentialité pour discuter et essayer d’aborder sa souffrance.
Carla refuse, elle est même en colère contre Céline qui a « brisé » le secret qu’elle lui avait demandé de garder.

Céline se retrouve donc au point de départ : elle ne sait plus quoi faire, et Carla est maintenant fâchée contre elle d’avoir parlé de sa détresse à une « étrangère » à l’école.

Puis, l’état de Carla s’aggrave : elle mange de moins en moins et fait des exercices de step pour brûler des calories, sous l’indifférence quasi totale de ses parents.
Céline ne peut plus faire semblant. Elle affronte ses parents alors que Carla est absente et les accuse d’être totalement aveugles et sourds à la détresse de leur fille ainsi qu’à son immense inquiétude, elle qui semble être la seule à avoir conscience de ce qui se passe dans la famille !

Sur les conseils de l’infirmière scolaire, Céline contacte Soremax pour obtenir de l’aide.
Nous la rencontrons et la trouvons réellement préoccupée (et en colère), car elle a le sentiment d’être la « mère » de Carla, alors que leurs vrais parents semblent peu conscients de ce qui se passe dans la famille.

La situation est complexe : Céline se retrouve coincée, mais elle refuse de détourner le regard tandis que sa sœur dépérit sous les yeux de parents « absents » et irresponsables.
Avec son accord, nous lui proposons de convoquer les parents afin d’exprimer son inquiétude pour Carla et d’évaluer leur capacité à percevoir la souffrance de leur fille cadette ainsi que le risque d’un trouble anorexique chez une adolescente.
Le père refuse de nous rencontrer ; seule la mère se présente, mais dans une posture très défensive.

Avec beaucoup d’attention et de délicatesse, nous essayons de comprendre à quel point la mère est consciente de la souffrance de Carla, et nous découvrons (!) qu’elle a elle-même souffert d’anorexie pendant une longue période, entre son adolescence et les premières années de son mariage.
À l’époque, cela entraînait de violentes disputes avec son mari, qui menaçaient leur relation : il avait exigé qu’elle prenne du poids et retrouve un cycle menstruel régulier pour pouvoir tomber enceinte.
Ainsi, sous cette contrainte, la mère avait repris du poids, et Céline était née, suivie de Carla deux ans plus tard.
Le mari, avec sa vision simple et rationnelle, a toujours pensé que ne pas manger était un caprice de femmes pour rester minces et en forme.

Les entretiens suivants deviennent beaucoup plus « authentiques » : la mère montre qu’elle comprend bien Carla et sa souffrance, car elle l’a elle-même vécue des années auparavant.
Elle nous confie qu’elle a souvent essayé d’en parler à son mari, mais qu’il refuse d’écouter, persuadé qu’il suffit de vouloir pour manger et prendre du poids, sans créer de drame familial.
Pire encore, il accuse sa femme d’avoir « contaminé » leur fille avec cette histoire d’anorexie.

Le cadre familial est donc très complexe et difficile à gérer, d’autant plus que Carla réalise désormais que tout le monde est au courant de son trouble alimentaire, ce qui la rend encore plus angoissée et en colère.
Pour poursuivre notre travail, nous devons compter sur un minimum d’« alliance thérapeutique » avec la mère, qui connaît bien la souffrance anorexique et qui, d’une certaine manière, a déjà tenté de protéger sa fille, bien que de manière ambivalente.

Nous devons rencontrer la mère à plusieurs reprises pour la rassurer : notre but n’est pas de la culpabiliser, mais plutôt de lui montrer qu’elle est, pour l’instant, la seule personne capable d’aider réellement Carla en tant que parent.
Il va de soi qu’elle doit aussi affronter son mari et le « forcer » à au moins une rencontre avec Soremax.

Avec difficulté, le rendez-vous a finalement lieu et, contre toute attente, Carla souhaite être présente pour « …Dire ce qu’elle a à dire en personne ».
La rencontre est très tendue, comme on peut l’imaginer. Carla explose plusieurs fois et s’en prend à son père, et tant qu’à faire, aussi à sa mère…
La mère finit par parler à ses filles de son anorexie avant leur naissance, ce qui surprend particulièrement Carla.

Nous devons alors jouer le rôle d’« arbitres » de ce conflit familial, dans l’espoir de faire émerger une prise de conscience une fois que la colère de chacun sera retombée.
Nous hésitons à proposer d’autres rencontres en groupe ou séparément, mais nous décidons de tout miser sur une rencontre familiale complète.
Le père se sent « attaqué » par ses trois femmes et menace de quitter la maison.

Effectivement, il part chez son frère pendant quelques jours, mais il se rend vite compte qu’il ne peut pas rester loin de sa femme et de ses filles : il se sent perdu, seul et incomplet !
L’angoisse de cette séparation le pousse à revenir aux entretiens familiaux avec une meilleure disposition à écouter.
Il commence surtout à comprendre que ne pas manger n’est pas une simple question de « rester mince », mais que cela cache des émotions et une souffrance profonde.
C’est un premier pas pour le père, qui rentre chez lui et est accueilli avec tendresse par « ses femmes », qui veulent lui faire comprendre à quel point il est important pour elles, mais aussi qu’il doit apprendre à écouter et à parler avec elles de leurs émotions, de leurs désirs et de leurs difficultés, au lieu de se renfermer sur lui-même.

Le travail de prise de conscience est en cours : la mère peut désormais être beaucoup plus proche de Carla, Céline retrouve son rôle de fille, et le père comprend enfin son importance au sein de sa famille.

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Parents et TCA

Quand l’impuissance s’invite : le combat des parents face aux troubles alimentaires de leur enfant

Lorsqu’un enfant est touché par un trouble du comportement alimentaire (TCA) comme l’anorexie ou la boulimie, c’est toute la famille qui vacille. Les parents, souvent démunis, se retrouvent confrontés à une situation qu’ils ne comprennent pas toujours, nourrissant un sentiment d’impuissance et d’échec profond. Entre la peur de mal faire et l’incapacité à communiquer, ils vivent une véritable épreuve émotionnelle.

L’impuissance et la culpabilité : un fardeau invisible

Un trouble alimentaire n’est pas une simple phase ou un caprice. Pourtant, nombreux sont les parents qui, au début, espèrent qu’il ne s’agit que d’un passage temporaire. Lorsqu’ils réalisent l’ampleur du problème, la culpabilité s’installe. “Ai-je mal agi ? Ai-je transmis une mauvaise image du corps et de l’alimentation ? Suis-je responsable ?” Ces questions hantent l’esprit des parents, les enfermant dans un cercle d’auto-reproches.

Face au refus de s’alimenter ou aux comportements compulsifs, ils tentent tant bien que mal d’intervenir, mais souvent, leurs efforts semblent vains. L’enfant rejette l’aide, s’enferme dans le silence, et chaque tentative de discussion devient une épreuve. L’impuissance devient alors accablante : comment venir en aide quand l’autre refuse d’être aidé ?

Une communication rompue : le mur du silence

Les troubles alimentaires ne se résument pas seulement à l’assiette, ils expriment une souffrance plus profonde. Mais pour un parent, il est difficile d’entendre son enfant dire qu’il ne veut pas manger, qu’il déteste son corps ou qu’il a besoin de contrôle. La peur de dire quelque chose de blessant ou d’aggraver la situation pousse parfois au silence, et l’incompréhension grandit de part et d’autre.

L’enfant, enfermé dans son mal-être, perçoit souvent les inquiétudes parentales comme une intrusion ou une menace. De leur côté, les parents se heurtent à un mur, oscillant entre patience et frustration. Comment parler quand chaque mot semble être mal interprété ? Comment exprimer son amour sans être perçu comme oppressant ? Cette incommunicabilité laisse place à un sentiment d’abandon mutuel, alors même que chacun souffre de l’éloignement.

La peur omniprésente : entre vigilance et angoisse

La peur devient une compagne constante. Peur de voir son enfant s’enfoncer, peur des complications médicales, peur d’une hospitalisation, voire du pire. Chaque repas devient une source d’angoisse, chaque sortie une crainte de comportements à risque.

Certains parents développent une hypervigilance, surveillant le moindre signe, comptant les bouchées, scrutant les moindres gestes. D’autres, dépassés, tentent de relativiser, espérant que la situation s’améliore d’elle-même. Dans tous les cas, la peur épuise et enferme les familles dans un climat de tension permanente.

Trouver du soutien : ne pas rester seul

Face à cette détresse, il est essentiel que les parents sachent qu’ils ne sont pas seuls. L’association Sorelax est là pour écouter, accompagner et orienter les familles qui traversent cette épreuve. Échanger avec d’autres parents, se tourner vers des professionnels, rejoindre des groupes de parole… Toutes ces démarches permettent de briser l’isolement et de retrouver un espace où exprimer ses émotions.

Il n’existe pas de solution unique ni de chemin linéaire pour aider un enfant atteint de TCA. Mais un parent n’a pas à porter seul le poids de cette maladie. En parlant, en partageant et en cherchant du soutien, il est possible d’alléger cette souffrance et d’avancer, pas à pas, vers une lumière au bout du tunnel.

Si vous êtes parent d’un enfant atteint de troubles alimentaires, ne restez pas dans le silence. L’association Soremax est à votre écoute.

Elodie et sa drôle famille

Jeannine et Marc sont les parents d’Élodie, qui a vingt-deux ans. Élodie a une sœur aînée de deux ans et un frère cadet de trois ans. Ils forment une famille anticonformiste et désordonnée, mais avec des liens affectifs solides.

La sœur aînée, Jade, est en surpoids depuis toujours, ce qu’elle vit mal. Malgré de nombreux régimes, elle n’arrive pas à perdre ses kilos en trop et reste constamment angoissée. Un jour, Élodie lui montre comment elle “contrôle” son poids malgré ses excès alimentaires : elle va aux toilettes et vomit en cachette. Cela devient un secret que les sœurs partagent pendant des années, permettant à Jade de stabiliser son poids. Les deux sœurs deviennent de plus en plus proches, partageant le même groupe d’amis et leurs premières aventures amoureuses.

Le frère, quant à lui, ne s’intéresse pas à leurs préoccupations. Pour lui, la nourriture et le poids sont de simples “paranoïas” de filles. Cependant, il veille à ce que ses sœurs n’aient pas de mauvaises fréquentations, une forme de protection qu’il juge nécessaire.

La sérénité familiale est brisée lorsque les parents traversent une crise conjugale majeure : Jeannine découvre que Marc a une liaison avec une collègue depuis presque un an. Ce sont des moments très difficiles, avec des disputes et des cris à la maison. Les trois enfants se rangent entièrement du côté de leur mère contre la trahison du père. D’un commun accord, la mère et les enfants demandent au père de quitter la maison. Seule Élodie reste en contact téléphonique avec lui, malgré la fin de sa relation avec la collègue.

Élodie tente par tous les moyens de réintégrer son père dans la famille, espérant que sa mère lui pardonne. Marc regrette profondément son erreur et fait tout pour se racheter. Cependant, Jeannine reste inflexible et entame les démarches de séparation puis de divorce.

Élodie se retrouve en plein conflit intérieur. Elle aime son père, comprend son repentir, mais ressent aussi la douleur de sa mère et de ses frères et sœurs. De fait, elle devient une sorte d'”ambassadrice” pour rétablir le dialogue familial. Finalement, malgré l’hostilité des autres, elle décide d’aller vivre avec son père. Elle s’entend bien avec lui et constate son repentir sincère. Mais ses tentatives de réconciliation échouent, ce qui la plonge dans l’angoisse et la déception.

Ses relations avec sa sœur et son frère se détériorent également, accentuant son mal-être. Le coup de grâce survient lorsqu’elle apprend que sa mère a rencontré un autre homme qui viendra bientôt vivre avec eux. Se sentant incapable de supporter cette nouvelle, Élodie voit son espoir de réunir la famille définitivement anéanti.

Elle commence à ne plus manger, se contentant de thé et de quelques biscuits par jour. En quelques mois, elle devient extrêmement maigre. Alarmé, son père décide de l’hospitaliser avec l’accord d’un médecin, craignant pour sa vie.

Le séjour à l’hôpital dure plus d’un mois. Élodie est alimentée par sonde et reprend suffisamment de poids pour sortir du danger immédiat. Finalement, sa mère et ses frères, bouleversés et se sentant coupables, viennent la voir.

Un médecin recommande à Élodie de suivre une thérapie psychologique après sa sortie de l’hôpital et l’oriente vers Soremax. Élodie se rend au centre accompagnée de son père. Après les premiers entretiens, il est proposé d’impliquer la mère et, si possible, toute la famille avec l’accord d’Élodie.

La mère refuse catégoriquement d’y participer pour ne pas croiser son ex-mari. En revanche, les frères et sœurs acceptent. L’idée est d’offrir un accompagnement familial pour aider Élodie à traverser son traitement. Il devient évident qu’Élodie est la “patiente désignée”, représentant la souffrance familiale issue de la séparation parentale, en parallèle à ses troubles alimentaires et à l’utilisation des vomissements pour gérer son poids.

Nous travaillons avec les membres disponibles : le père, la sœur et le frère, ainsi qu’Élodie. Leur implication sérieuse et leur inquiétude pour elle encouragent Élodie à manger. Nous utilisons notamment un accompagnement pour choisir, préparer et cuisiner les repas, car nous savons qu’Élodie ne peut trouver cet équilibre seule, submergée par ses émotions.

Il faut plusieurs mois pour observer de légères améliorations. Élodie suit attentivement les conseils alimentaires donnés par Soremax et réussit à manger de petites quantités d’aliments qu’elle n’aurait jamais imaginé consommer auparavant. En parallèle, un travail psychologique l’aide à se détacher du sentiment de culpabilité d’avoir échoué à “réunir sa famille”, une responsabilité qui ne lui incombait pas.

Nous abordons ses sentiments d’échec et d’impuissance face à sa dynamique familiale, qui rendent sa vie si pesante. Ce travail se fait sur deux axes : l’approche sensorielle et la prise de conscience liée à la nourriture, aux nutriments, aux saveurs et aux sensations perçues, en plus du travail psychothérapeutique.

Les membres de la famille participent également pour stabiliser leurs liens, bien que la mère refuse toujours de nous rencontrer.

Le travail se poursuit sur ces deux fronts, mais déjà Élodie a repris quelques kilos. Et, vous n’y croirez pas, elle cuisine (et mange) peu, mais de manière saine, légère et appétissante…

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