Articles

Elodie et sa drôle famille

Jeannine et Marc sont les parents d’Élodie, qui a vingt-deux ans. Élodie a une sœur aînée de deux ans et un frère cadet de trois ans. Ils forment une famille anticonformiste et désordonnée, mais avec des liens affectifs solides.

La sœur aînée, Jade, est en surpoids depuis toujours, ce qu’elle vit mal. Malgré de nombreux régimes, elle n’arrive pas à perdre ses kilos en trop et reste constamment angoissée. Un jour, Élodie lui montre comment elle “contrôle” son poids malgré ses excès alimentaires : elle va aux toilettes et vomit en cachette. Cela devient un secret que les sœurs partagent pendant des années, permettant à Jade de stabiliser son poids. Les deux sœurs deviennent de plus en plus proches, partageant le même groupe d’amis et leurs premières aventures amoureuses.

Le frère, quant à lui, ne s’intéresse pas à leurs préoccupations. Pour lui, la nourriture et le poids sont de simples “paranoïas” de filles. Cependant, il veille à ce que ses sœurs n’aient pas de mauvaises fréquentations, une forme de protection qu’il juge nécessaire.

La sérénité familiale est brisée lorsque les parents traversent une crise conjugale majeure : Jeannine découvre que Marc a une liaison avec une collègue depuis presque un an. Ce sont des moments très difficiles, avec des disputes et des cris à la maison. Les trois enfants se rangent entièrement du côté de leur mère contre la trahison du père. D’un commun accord, la mère et les enfants demandent au père de quitter la maison. Seule Élodie reste en contact téléphonique avec lui, malgré la fin de sa relation avec la collègue.

Élodie tente par tous les moyens de réintégrer son père dans la famille, espérant que sa mère lui pardonne. Marc regrette profondément son erreur et fait tout pour se racheter. Cependant, Jeannine reste inflexible et entame les démarches de séparation puis de divorce.

Élodie se retrouve en plein conflit intérieur. Elle aime son père, comprend son repentir, mais ressent aussi la douleur de sa mère et de ses frères et sœurs. De fait, elle devient une sorte d'”ambassadrice” pour rétablir le dialogue familial. Finalement, malgré l’hostilité des autres, elle décide d’aller vivre avec son père. Elle s’entend bien avec lui et constate son repentir sincère. Mais ses tentatives de réconciliation échouent, ce qui la plonge dans l’angoisse et la déception.

Ses relations avec sa sœur et son frère se détériorent également, accentuant son mal-être. Le coup de grâce survient lorsqu’elle apprend que sa mère a rencontré un autre homme qui viendra bientôt vivre avec eux. Se sentant incapable de supporter cette nouvelle, Élodie voit son espoir de réunir la famille définitivement anéanti.

Elle commence à ne plus manger, se contentant de thé et de quelques biscuits par jour. En quelques mois, elle devient extrêmement maigre. Alarmé, son père décide de l’hospitaliser avec l’accord d’un médecin, craignant pour sa vie.

Le séjour à l’hôpital dure plus d’un mois. Élodie est alimentée par sonde et reprend suffisamment de poids pour sortir du danger immédiat. Finalement, sa mère et ses frères, bouleversés et se sentant coupables, viennent la voir.

Un médecin recommande à Élodie de suivre une thérapie psychologique après sa sortie de l’hôpital et l’oriente vers Soremax. Élodie se rend au centre accompagnée de son père. Après les premiers entretiens, il est proposé d’impliquer la mère et, si possible, toute la famille avec l’accord d’Élodie.

La mère refuse catégoriquement d’y participer pour ne pas croiser son ex-mari. En revanche, les frères et sœurs acceptent. L’idée est d’offrir un accompagnement familial pour aider Élodie à traverser son traitement. Il devient évident qu’Élodie est la “patiente désignée”, représentant la souffrance familiale issue de la séparation parentale, en parallèle à ses troubles alimentaires et à l’utilisation des vomissements pour gérer son poids.

Nous travaillons avec les membres disponibles : le père, la sœur et le frère, ainsi qu’Élodie. Leur implication sérieuse et leur inquiétude pour elle encouragent Élodie à manger. Nous utilisons notamment un accompagnement pour choisir, préparer et cuisiner les repas, car nous savons qu’Élodie ne peut trouver cet équilibre seule, submergée par ses émotions.

Il faut plusieurs mois pour observer de légères améliorations. Élodie suit attentivement les conseils alimentaires donnés par Soremax et réussit à manger de petites quantités d’aliments qu’elle n’aurait jamais imaginé consommer auparavant. En parallèle, un travail psychologique l’aide à se détacher du sentiment de culpabilité d’avoir échoué à “réunir sa famille”, une responsabilité qui ne lui incombait pas.

Nous abordons ses sentiments d’échec et d’impuissance face à sa dynamique familiale, qui rendent sa vie si pesante. Ce travail se fait sur deux axes : l’approche sensorielle et la prise de conscience liée à la nourriture, aux nutriments, aux saveurs et aux sensations perçues, en plus du travail psychothérapeutique.

Les membres de la famille participent également pour stabiliser leurs liens, bien que la mère refuse toujours de nous rencontrer.

Le travail se poursuit sur ces deux fronts, mais déjà Élodie a repris quelques kilos. Et, vous n’y croirez pas, elle cuisine (et mange) peu, mais de manière saine, légère et appétissante…

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – Règlement UE 2016/679

Julie

Julie mène sa vie avec un contrôle total sur ce qu’elle fait et, bien sûr, sur ce qu’elle mange.
C’est une trentenaire très mince qui plaît aux garçons (ses mots), sportive et qui aime bien s’habiller. Elle a étudié la comptabilité et, au moment de choisir entre continuer ses études ou travailler, elle décide de se donner une année de liberté pour voyager loin, en Extrême-Orient, ce qui est son rêve.
Elle voyage presque toujours seule, parfois avec d’autres personnes rencontrées lors des étapes intermédiaires de ses pérégrinations. Souvent, elle prend des risques dans les villes ou les zones pas particulièrement sûres, mais elle n’a pas peur, elle se sent capable de s’en sortir.
Le véritable défi pour elle, c’est la nourriture : elle mange très peu d’aliments, toujours les mêmes, et lors de ses voyages, elle n’arrive pas toujours à maintenir son contrôle. Elle perd quelques kilos pendant son voyage, mais les difficultés liées à la nourriture sont compensées par les merveilleux endroits qu’elle visite.
À son retour, elle sent qu’il est préférable pour elle de travailler plutôt que de poursuivre ses études et elle est embauchée par un comptable dans sa ville.
Julie est précise, ordonnée et fiable. En peu de temps, elle est appréciée par son patron et ses collègues plus âgées, et devient la mascotte du petit groupe de collaborateurs.
Elle a toujours eu des petits amis mais ne se sent pas prête pour une “relation sérieuse” ni pour une famille. Pour Julie, la famille équivaut au mariage et aux enfants, mais elle ne veut pas se marier et, bien qu’elle aime les enfants avec lesquels elle joue souvent, elle ne se sent pas “prête”.
Julie est fille unique, elle vit avec ses parents et leur relation est bonne. Elle se confie souvent à sa mère et son père est adorable, courtois et attentif aux besoins de sa fille.
C’est une famille très unie, bien intégrée dans la communauté du village : son père est bienfaiteur à l’église, sa mère aide les enfants à faire leurs devoirs à l’école paroissiale et Julie chante dans la chorale de la ville.
La seule inquiétude des parents concerne le poids de Julie, toujours mince et filiforme. Ils ont tenté pendant des années de la faire manger, surtout en diversifiant son alimentation, mais en vain. Ils ont maintenant renoncé à l’idée que leur fille mange autre chose que quelques légumes et un peu de riz blanc chaque jour, sans jamais varier. De plus, elle prépare elle-même sa nourriture, la cuisine et mange séparément de ses parents, en prétextant qu’elle mange lentement tandis qu’eux mangent trop vite !
Elle boit uniquement de l’eau d’une marque particulière, dont elle garde une grande réserve par crainte de manquer, car l’eau du robinet est pour elle “polluée”.
Si Julie ne parvient pas à suivre son “rituel” alimentaire, c’est un désastre. Elle devient agressive jusqu’à ce qu’elle retrouve le contrôle.
Au bureau, elle mange ce qu’elle apporte de chez elle et ne mange jamais avec ses collègues. Elles connaissent son “rituel” et la laissent tranquille, car pour le reste, c’est une fille sympathique et courtoise.
Pour se rendre au bureau, Julie utilise son scooter et est toujours prudente, mais un jour, elle est renversée par une voiture qui ne lui cède pas le passage à un croisement. L’accident est assez grave : Julie se fracture le poignet et la cheville droite, en plus de subir quelques blessures au visage dues à la vitre brisée du scooter.
Elle est secourue et emmenée à l’hôpital de la ville, sous le choc, bien sûr, et vous pouvez bien imaginer l’angoisse de ses parents qui accourent immédiatement auprès de leur fille.
Mais plus que les blessures corporelles, Julie souffre de devoir manger ce que l’hôpital prépare pour tous les patients… Elle demande à avoir “sa nourriture”, mais cela lui est refusé, et elle se dispute avec les infirmières, hurlant qu’elle DOIT MANGER ses propres aliments et pas ceux de l’hôpital !
Le résultat : un psychiatre est consulté et lui administre des médicaments (par injections) afin qu’elle ne puisse pas refuser les pilules.
Julie est désespérée, elle ne mange pas pendant plusieurs jours, hurlant de ses dernières forces, mais en vain.
L’hospitalisation se prolonge en raison de ses blessures assez graves et Julie perd beaucoup de poids, malgré les invitations d’abord courtoises, puis pressantes, à manger quelque chose. Ses parents proposent de préparer “sa nourriture” et de la lui apporter, mais l’hôpital refuse.
Une fois que Julie est stabilisée sur le plan orthopédique, elle se retrouve en psychiatrie car les médecins sont maintenant très inquiets pour son “anorexie”.
Outre les médecins, avec qui elle a des affrontements verbaux, elle voit également la psychologue qui comprend bien le tourment et l’angoisse de Julie concernant la nourriture, et c’est elle qui lui propose, dès qu’elle pourra sortir, de contacter Soremax pour son problème “alimentaire”.
Les parents font tout leur possible pour la faire sortir dès que possible du service psychiatrique et, au final, ils réussissent dans leur objectif, espérant que Soremax pourra vraiment faire quelque chose pour leur fille.
Lorsque nous la rencontrons, elle boite visiblement et a une cicatrice au visage. Elle est très en colère et définitivement sous-poids.
Au début, nous valorisons son “rituel alimentaire” fait de légumes et de riz blanc, étant donné qu’il est pour elle, à ce moment-là, intouchable. Cependant, nous l’interrogeons sur le fait qu’elle ne puisse pas manger d’autres aliments ni boire autre chose que son eau. La réponse est forte et claire : parce qu’ils sont empoisonnés !
Coup de théâtre, Julie considère que les légumes et le riz blanc qu’elle prépare sont les seuls aliments non empoisonnés qu’elle peut consommer. Il est donc logique, de son point de vue, qu’elle mange ce qui ne lui fait pas de mal, ce qui ne l’intoxique pas.
Le travail de Soremax repose sur deux “aspects” qui s’intègrent mutuellement : la partie psychologique lors des séances individuelles ou de groupe pour donner la parole à Julie et reconstruire, dans la mesure du possible, l’origine de sa souffrance profonde.
Le deuxième aspect consiste à rapprocher la personne de la nourriture dans une expérience retrouvée. L’idée principale est très simple mais efficace : la grande majorité des personnes souffrant de “troubles alimentaires” vit la nourriture comme une menace, un conflit et/ou un poison dans les cas les plus graves.
Il est essentiel d’accompagner la personne à “découvrir” les couleurs, les saveurs, les odeurs et la texture des aliments, sans jamais la forcer à les manger. C’est une perspective très différente où le poids, les calories, les graisses et les sucres ne comptent pas pour laisser place à la nouveauté de découvrir les aliments et retrouver le plaisir de se nourrir. Facile à dire, évidemment, surtout pour des personnes qui ont lutté pendant des années avec la nourriture perçue comme menaçante, mais un chemin thérapeutique qui a donné d’excellents résultats selon notre expérience. Il faut aussi dire que ce parcours, qui nécessite du temps et beaucoup de patience, se fait sans jamais juger les personnes ni les pousser à “manger”…
Il est également très utile d’impliquer les personnes dans le choix et l’achat de la nourriture, dans un accompagnement respectueux et empathique dont elles ont un besoin extrême.
Ce “protocole” nous a permis de faire en sorte que Julie accepte doucement d’essayer de petits ingrédients à ajouter à “sa nourriture standard”, sans aucune obligation de tout manger.
Cette liberté permet à Julie de “garder encore sous contrôle” la nourriture tout en redécouvrant (ou découvrant) des goûts et des saveurs inconnus depuis peut-être trop d’années. Le test PCS que nous proposons aux personnes nous permet de mieux comprendre quels aliments ou ingrédients sont vécus comme “menaçants”, dangereux et impossibles à manger et de proposer en conséquence des “dégustations” pour tenter de briser le cercle vicieux dans lequel la personne s’est enfermée. C’est un travail artisanal et personnalisé, et il ne pourrait en être autrement, car chaque personne a sa propre histoire, des nœuds émotionnels non résolus, des besoins et des peurs.
Julie est en train de tester notre protocole, sans courir mais avec cette petite curiosité qui est un puissant moteur de transformation…

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – Règlement UE 2016/679

Silvie

Silvie ne montre certainement pas ses 35 ans, elle a l’apparence d’une jeune fille innocente, mince, jolie et sympathique.
Quand elle était petite, elle avait un frère imaginaire, qui était un chanteur célèbre.
Silvie rêve toujours les yeux ouverts d’être une diva à grand succès et d’être acclamée par tous parce qu’elle est la plus belle et la plus talentueuse, ou bien de faire des choses extraordinaires qui lui procurent une grande célébrité. Elle est musicienne, chanteuse… son objectif est la reconnaissance universelle.
Elle nous parle de sa famille : son père s’occupait de l’organisation des itinéraires dans une entreprise de transport où il a travaillé pendant 30 ans.
Il était rigide et sévère, mais aussi un père merveilleux : il avait surtout une entente spéciale avec elle. Quand il faisait un cadeau à sa femme (par exemple pour son anniversaire), il avait toujours aussi un cadeau pour elle.
Il est mort soudainement d’une crise cardiaque quand Silvie avait 20 ans : sa vie, qui était magnifique, a changé du jour au lendemain.

Elle raconte la circonstance de la mort de son père : elle rentre chez elle joyeuse après une belle journée et son frère, avec un air effrayé, lui dit « Papa est parti ! » Elle ne comprend pas et lui demande « Où ? »
Silvie a eu beaucoup de mal à réaliser qu’il était mort.
Elle avait toujours été convaincue que ses parents s’aimaient profondément et s’entendaient bien, mais peu de temps après, sa mère lui dit que « Ce n’était pas un mariage facile » et elle peine réellement à y croire.
Sa mère avait rencontré son mari dans la même entreprise où ils travaillaient. Silvie dit peu de choses sur sa mère : elle était une excellente maman, mais très attachée à sa propre mère.
À 24 ans, Silvie décide de vivre seule et loue un petit appartement. Vivre seule lui plaît énormément : « Fumer, alcool et garçons ».
Elle fait des petits boulots occasionnels et peu de temps après, elle doit revenir vivre avec sa mère et son frère. Les relations avec son frère, de deux ans de plus, ont toujours été difficiles. Lui était le « génie » de la famille et elle était toujours la « petite dernière ». Son frère a toujours été un enfant agité et agressif, qui mettait les adultes en difficulté avec son comportement. Il se faisait souvent mal, parfois gravement. Haïssable avec tout le monde, mais avec le charisme du leader. Silvie et son frère ont toujours été comme chien et chat. La rupture est devenue totale après qu’il a emporté certains objets de la maison de la grand-mère sans rien dire. Ils ne se parlent plus depuis des années. Lui continue de l’appeler et de lui écrire, mais elle lui raccroche au nez. Son frère vit avec une petite amie et a été un peu adopté par sa famille.

Silvie se souvient qu’elle avait souvent des cauchemars la nuit : elle souffrait de solitude, se sentait exclue, car ses parents dormaient avec son frère d’un côté de la maison, et sa chambre était de l’autre côté, au bout du couloir.
Elle avait un peu souffert du changement de maison survenu quand elle avait 12 ans : avant, elle avait beaucoup d’amis dans la cour, et celle qui est encore sa meilleure amie vivait dans l’immeuble en face. Après son bac, elle a traversé ce qu’elle décrit comme une « dépression absolue » : un trou noir d’apathie totale. Elle en est sortie seule, après quelques mois, sans vraiment comprendre pourquoi.
Silvie a toujours eu des relations sentimentales, mais jamais de grands amours (ses mots) ; ce sont plutôt des liens avec des garçons souvent peu affectueux.
Luca, lui, était mignon et amoureux ; il est encore un cher ami pour elle : adorable, spirituel… mais elle se sentait moche, elle avait pris 15 kilos et se refermait de plus en plus. Luca avait tout essayé pour « la secouer », mais en vain. Après une année difficile, ils avaient décidé d’un commun accord de se séparer tout en restant amis et confidents.
Après sa rupture avec Luca, Silvie pensait peut-être être homosexuelle, mais elle était trop confuse.
Elle décide fermement de perdre du poids, suit un régime très strict qui lui fait perdre beaucoup de kilos, mais puis, soudainement, elle n’y arrive plus, recommence à manger et commence à se faire vomir.
Elle retombe dans la dépression, l’ennui et l’envie de ne plus vivre.
Silvie nous parle ensuite de sa jalousie avec difficulté : elle était jalouse de tous ses copains, voyait des regards complices de ses petits amis avec d’autres filles, mais souffrait en silence de peur de perdre le garçon avec qui elle était.

Actuellement, elle travaille dans une agence de publicité où elle a été récemment embauchée en CDI, ce qui la rend fière, mais la charge de travail est excessive et elle perd six kilos en deux mois. Comme elle se gave le soir, elle recommence à se faire vomir tous les jours, mais elle se rend compte que c’est un « jeu » dangereux dont elle ne parvient pas à sortir seule.
Sa vie est centrée uniquement sur manger et vomir, entrecoupée seulement par les longues heures de travail où elle ne touche à rien, pas même un verre d’eau.
Elle est envoyée à Soremax par son médecin généraliste, qui a hospitalisé son petit ami actuel pour abus d’alcool. Les premières séances de thérapie se concentrent sur sa relation avec son petit ami actuel, totalement absorbé par l’alcool et la drogue, et qui la traîne de plus en plus vers le bas.
Silvie nous dit que « Être la petite amie n’est pas la même chose que d’être une croix rouge ». Elle reconnaît en effet qu’elle a toujours vécu en s’occupant beaucoup des autres et peu d’elle-même et de sa propre vie. C’est un petit moment de prise de conscience qui la fait réfléchir à sa relation actuelle, qu’elle décrit comme « … Absurde et malade ».
Avec difficulté, elle décide de ne plus se consacrer à son petit ami pour « reprendre sa vie en main ». Elle décide de quitter ce travail qui la stresse trop pour aller travailler dans une agence de voyages avec des horaires beaucoup plus « normaux ».
Non seulement cela, mais elle se rapproche à nouveau de Luca, son ancien petit ami et la seule personne « normale » et sincèrement attachée à elle.
Ils recommencent à se voir, et rien que cela « stabilise » un peu Silvie, qui a vraiment besoin d’être accompagnée sur le thème de la nourriture : choix des aliments, quantités et associations pour réussir à « garder » ce qu’elle a mangé sans devoir se faire vomir. C’est un travail complexe qui se fait en collaboration avec Soremax, étape par étape. Nous sommes convaincus que la récupération du plaisir de manger, qui passe par le goût, la couleur, la saveur et l’odeur, est essentielle pour toute personne qui vit la nourriture comme un ennemi, un poison et une source de conflit. Silvie « découvre » la nourriture d’une manière différente de celle qu’elle connaît depuis trop d’années. Elle est étonnée de goûter des « nutriments » qu’elle n’aurait jamais choisis par elle-même et qui ne déclenchent pas immédiatement en elle le besoin de se faire vomir. Le travail continue, il faut du temps, car il n’est pas possible de précipiter des étapes qui passent par une prise de conscience lente et progressive, mais c’est la seule voie pour retrouver une relation avec la nourriture aussi saine et normale que possible.

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – Règlement UE 2016/679



Témoignage de Corinne


J’ai été anorexique vers l’âge de 14 ans, suite à une réflexion de la part de ma mère mais je pense qu’elle était déjà présente latente. Je me suis retrouvée avec un poids de 32 Kilos toute vêtue, je refusais toute nourriture et lorsque j’avalais un peu plus,  j’allais me faire vomir.  Le docteur a décidé une hospitalisation urgente, un mois enfermée à l’hôpital sans aucune visite encore moins  celle de ma mère. Je suis sortie avec un poids qui me maintenait  en vie . L’anorexie a duré jusqu’à l’âge de 45 ans avec des crises de boulimie . Je me donnais au sport et a 23 ans j’ai passé un brevet d’état d’éducateur sportif , je continuais mes crises avec prise de laxatifs , un cauchemar que je gardais pour moi , un lourd secret. J’ai eu trois enfants le seul moment ou j’allais bien ; mes grossesses. Anorexie , je me sentais connecter avec des sources spirituelles , j’avais  développé le dessin, l’écriture , je travaillais trés bien à l’école une forme d’intelligence se développait. J’ai honte de dire qu’il m’arrivait d’être merveilleusement bien , sereine. Lorsque mes crises arrivaient j’avais l’habitude de dire la “petite voix du diable” car mon mental me torturé  atrocement , il me fallait vomir vomir et encore vomir. A l’âge de 30 ans j’ai commencé à faire du Yoga , je me suis sentie connecter à mon corps et pendant une dizaine d’années , je me suis orientée vers l’étude du Yoga , il m’a sauvé la vie , je trouvais le moyen de me comprendre , de m’accepter ,  de faire un lien entre le corps physique , le corps émotionnel et surtout de faire un gros travail sur moi même . Aujourd’hui  je suis enseignante de Yoga et Psychopraticienne en psychosomatique, je ne crois pas au hasard , la vie est faite de rencontres, d’obstacles qui nous permettent d’évoluer vers le mieux . 

J’ai toujours un rapport particulier avec la nourriture, je ne suis plus anorexique ou boulimique mais il y a encore une limite que je ne dois pas dépasser je le sais. J’ai fait de l’anorexie une amie plus du tout  une rivale et ca m’a aidé à la vaincre . le Yoga, differents sports sont toujours mes armes de guérison surtout le Yoga e la méditation.

Mon souhait serait d’être un soutient à toutes les personnes anorexiques par mon témoignage, mon vécu, mes pratiques. Corinne Satya Granet


© Photo de Corinne


Giulia et la taille 38


Je souhaite présenter un aperçu d’un travail de groupe lors d’une séance très importante pour Giulia, une jeune fille décidément « sous-poids » qui rêve de devenir mannequin.

Giulia raconte un épisode récent : « Vous savez que faire mannequin et travailler dans la mode est ce que je veux faire, mon rêve… il y a quelques semaines, il y avait des défilés à Paris et j’ai perdu des opportunités avec certains stylistes pour une raison que je trouve absurde ! C’est-à-dire qu’en allant à l’audition, ils ont découvert que la taille 38 me tombait trop grande et que les vêtements tombaient de tous les côtés. Alors, au lieu de les maintenir avec des épingles, ils m’ont dit brutalement qu’ils prendraient une autre fille et pour moi, c’est inconcevable ! »

Giulia, qui a commencé à pleurer entre-temps, gesticule nerveusement et parle de manière agitée et confuse, presque incompréhensible, répétant sans cesse que ce qui s’est passé n’a aucun sens, qu’en regardant les défilés de Paris, toutes les mannequins sur le podium étaient extrêmement minces, donc il est impossible qu’elle ne convienne pas. « C’est absurde ! C’est vrai que mes amies mannequins ont un peu plus de formes que moi, peut-être un peu de poitrine, ou une taille un peu plus marquée… mais… je voudrais une preuve concrète que je ne vais pas bien, sinon je n’arrive pas à y croire ! »

Les autres filles du groupe affirment timidement que peut-être c’est sa vision de la réalité qui est déformée, parce que les mannequins ne sont pas toutes maigres, alors qu’elle aspire uniquement à devenir de plus en plus mince.
La jeune fille réplique qu’être mannequin et ballerine a toujours été son seul objectif, que les mannequins représentaient pour elle l’idéal à atteindre, « D’abord parce qu’elles étaient belles, ensuite parce qu’elles étaient grandes, et enfin parce qu’elles étaient des os… Mon Dieu, je n’ai jamais dit ces choses à haute voix ! »
Toujours en pleurs, Giulia répète que devenir mannequin était l’objectif qu’elle s’était fixé depuis qu’elle était enfant, lorsqu’elle défilait devant le miroir avec les chaussures à talons de sa mère, et tout au long de son adolescence, où elle remplissait des carnets entiers avec ses rêves de succès futurs dans la mode et la danse. Jusqu’au moment où, dans ces carnets où elle racontait avec enthousiasme ses projets, mais aussi sa vie de l’époque, avec ses loisirs, ses amitiés et ses premières histoires d’amour typiques de cet âge, se sont peu à peu remplacées les listes des aliments qu’elle avait consommés pendant la journée, et le sujet principal, voire unique, dont elle écrivait était devenu la nourriture.
La jeune fille se souvient que dans l’agence pour laquelle elle travaillait, on lui avait dit que son corps était « trop musclé » et que pour défiler, elle devait être plus mince. Lors d’une audition de danse, elle avait été rejetée parce qu’elle était « trop grosse ».
« Tout ce que je voulais, je l’ai obtenu quand j’ai perdu du poids ! Et pour moi, c’était une preuve tangible que c’était le bon chemin ! J’ai toujours pensé que dès que je serais mince, je pourrais faire ce que j’ai toujours voulu, et maintenant on me dit que je ne vais plus ! Même mon agent m’a dit que si je veux travailler dans la mode, je dois être au moins en taille 38, mais je ne veux pas prendre de poids si après… »

Sara lui dit : « Mais si tu es venue ici au groupe de thérapie, si tu as décidé de te soigner, ça veut dire que tu as eu peur, que tu te rends compte que tu vas mal… »
Giulia répond : « Oui, je me sens malade dans ma tête, je me souviens de m’être effrayée quand j’ai réalisé comment mes carnets avaient changé avec le temps et je me souviens d’avoir appelé Soremax le jour après les avoir relus… et puis je sais que j’ai des comportements qui ne sont pas normaux… pour ma relation avec la nourriture, qui n’est pas comme celle des autres, pour toutes mes manies, mes obsessions… mais si on me demandait “Veux-tu perdre 10 kilos ?”, je répondrais tout de suite oui, “Et 15 ?” je répondrais toujours oui, comme ça, si je prends 5 kilos, je serai toujours en-dessous de ces 10 que j’avais perdus avant ! »

Federica lui demande : « Mais es-tu heureuse ? » Giulia secoue la tête.
Federica et Alessandra expliquent à Giulia qu’elle doit penser uniquement à comment elle se sent et à ce qui la rend heureuse, que guérir et recommencer à manger signifierait pouvoir faire ce qu’elle aime. Giulia réplique que manger la fait se sentir mal, ça lui « brûle le ventre ».
Federica ajoute : « Mais c’est parce que tu n’y es plus habituée ! On ne te dit pas de tout reprendre comme avant d’un coup ! Tu pourrais recommencer petit à petit à manger quelque chose que tu ne manges pas actuellement et peut-être prendre ces deux kilos qui te permettraient de rentrer dans la taille 38 pour pouvoir travailler dans la mode comme tu le souhaites… »

Giulia : « Mais si je mange, je prends du poids ! JE PRENDS DU POIDS ! J’assimile tout, je gonfle ! Je le sais déjà ! J’ai déjà essayé ! Je me sens pleine à craquer et je ne peux plus rien faire, ni danser, ni étudier, ni faire quoi que ce soit ! Je ne peux rien manger pendant la journée ! Si c’est minuit, oui, parce que je vais dormir, mais pendant la journée, je ne peux absolument rien manger… J’ai la tête dans le ventre ! C’est-à-dire que si mon ventre est plein, c’est comme si je n’avais plus rien dans la tête ! »

Le thérapeute intervient : « Giulia a bien décrit sa grande peur, si elle mange quelque chose, elle perd le contrôle et prend du poids, mais ce n’est pas seulement quelques centaines de grammes, elle devient une baleine en un rien de temps ! »

Voici la véritable peur, voire l’horreur, d’une jeune fille qui est maintenant habituée à l’anorexie restrictive, c’est-à-dire prendre du poids et, perdant le contrôle qu’elle avait auparavant, ajouter des kilos aux kilos sans pouvoir s’arrêter et donc se « voir » grosse, énorme et déplaisante.

Giulia fixe intensément le thérapeute et semble touchée par ce qu’il a dit, puis éclate en sanglots. Les autres filles essaient de la réconforter, mais Giulia semble dévastée, sanglotant elle n’arrive à dire que qu’elle n’en peut plus, qu’elle va mal et se sent finie…
À partir de ce moment-là, Giulia, aidée et rassurée par ses camarades, commence à prendre des compléments alimentaires et mange de petites quantités de nourriture, pour elle impossibles à ingérer auparavant.
Le groupe permet à Giulia d’avoir des repères importants, des filles qui, comme elle, se sont confrontées à la peur de prendre du poids, de perdre le contrôle et de devenir obèses en un clin d’œil.
La séance a représenté pour Giulia un passage essentiel et lui a permis de commencer à affronter la véritable peur de prendre du poids sans contrôle. Grâce à l’expérience, à la solidarité et à l’affection de ses camarades de groupe, elle ne se sent plus seule et impuissante face à la nourriture. Petit à petit, elle se rend compte que la nourriture n’est pas hors de contrôle, qu’elle peut manger quelque chose sans se lancer dans une course vers l’obésité…


Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy-GDPR-règlement UE 2016/679.


Les parents d’Amelie et de Manon

Laure et Eric sont les parents d’Amelie, dix-sept ans, et de Manon, quinze ans.
C’est une famille paisible, où la communication entre les membres est bonne et il n’y a jamais eu de problèmes particuliers au fil du temps. Bien sûr, les deux adolescentes commencent à manifester leur « rébellion » contre l’autorité parentale, mais cela fait partie du processus normal de croissance des jeunes.
Concernant l’école, les deux filles sont très différentes : Amelie n’a pas envie d’étudier, car dès qu’elle le pourra, elle souhaite travailler pour gagner en autonomie et vivre par elle-même. Manon, en revanche, est très studieuse et sait déjà ce qu’elle veut faire plus tard : devenir vétérinaire, motivée par sa passion pour les animaux.
Souvent, les deux filles sortent ensemble avec des amis communs et, dans leur groupe, elles vivent leurs premiers flirts, et toutes deux parlent de leurs petites histoires à leur mère. Un jour, Amelie rencontre un garçon étranger qui fait tout pour être avec elle. Au début, Amelie n’est pas intéressée, mais la persévérance du garçon finit par la faire céder.
Amelie et le jeune homme se fréquentent pendant plusieurs mois, et Manon apprend que le garçon fréquente de mauvaises personnes et qu’il est ambigu, car il semble également s’intéresser à elle !
Un soir, les deux sœurs ont une dispute assez vive à propos du garçon. Amelie pense que sa sœur est simplement jalouse et refuse de croire ce que Manon lui dit pour la mettre en garde. La confrontation est violente, Amelie allant même jusqu’à dire que dès qu’elle en aura la possibilité, elle ira vivre avec le garçon.
Pour la première fois, la famille est confrontée à un conflit entre Amelie, la mère, la sœur et le père. Amelie refuse d’écouter qui que ce soit et est déterminée à aller vivre avec le garçon, d’autant plus que dans quelques semaines, elle sera majeure et il sera impossible de l’en empêcher.
Comme elle l’avait annoncé, Amelie quitte la maison, au grand désespoir de toute la famille, surtout de Manon, qui se sent à la fois coupable et responsable de ce qui est arrivé à sa sœur. De plus, Amelie répond difficilement aux appels et aux messages de ses parents, et elle est très en colère contre sa sœur, à tel point qu’elles ne parviennent plus à se parler.
Manon est profondément affectée par le départ de sa sœur. Elle manque parfois l’école, se montre démotivée et mange peu, se plaignant toujours de maux d’estomac et de difficultés à digérer.
En peu de temps, Manon perd beaucoup de poids, ne se nourrissant que de quelques barres protéinées pour éviter de s’évanouir, et elle est franchement déprimée.
Les parents sont très inquiets et, par l’intermédiaire de leur pharmacien de confiance, ils entendent parler de Soremax.
Ils nous contactent, pleins de douleur et de déception face à ce qui arrive à leurs filles : l’aînée, qui a quitté la maison pour vivre avec un garçon dont ils ne savent que très peu de choses, et qui semble très peu fiable, et la cadette, en pleine anorexie et dépression.
Nous rencontrons deux personnes tristes, épuisées, blessées, qui se sentent totalement impuissantes face à leurs filles, qu’elles aiment tant et qu’elles ne « reconnaissent » plus.
Le travail avec les parents passe par ce sentiment d’impuissance, de culpabilité et de colère, très dangereux car il les empêche d’agir, de proposer des solutions et de se libérer des éventuels chantages émotionnels de leurs filles.
Nous travaillons d’abord sur le sentiment de culpabilité des parents, qui se manifeste par cette question tragique : « Qu’avons-nous (en tant que parents) fait de mal avec nos filles ? »
Absolument rien, Laure et Eric, être parents est un métier extrêmement difficile, sans aucune garantie de réussite !
Dans ce cas, nous ne pouvons pas dire que Laure et Eric ont été de mauvais parents, distants émotionnellement. Au contraire, ils ont toujours été attentifs, présents et ouverts au dialogue avec leurs filles. Un dialogue qui a perduré jusqu’aux premiers flirts des filles, toujours des moments « explosifs » en raison de la sexualité qui se manifeste chez les jeunes.
Pour Amelie, la rencontre avec ce garçon a provoqué un « séisme » émotionnel, qui a conduit à une séparation avec sa famille, perçue comme un obstacle à ses choix de vie.
Prendre conscience de cela permet à Laure et Eric d’atténuer leur sentiment d’impuissance, de réduire la déception (et la colère) qu’ils ressentent face à la situation actuelle. Nous convenons avec Laure et Eric d’adopter une position ferme mais « civilisée » avec Amelie : c’est sa vie et elle doit faire ses propres expériences, y compris avec ce garçon.
En pratique, il s’agit d’« alléger » la tension avec Amelie pour maintenir un canal de communication ouvert entre elle et sa famille.
Quant à Manon, nous proposons aux parents une thérapie pour elle, car elle a très mal vécu le départ de sa sœur et se sent coupable à cause de leur violente dispute au sujet du garçon d’Amelie.
Nous tentons aussi une démarche audacieuse en demandant aux deux sœurs de se rencontrer en notre présence pour tenter une « réconciliation ». C’est une tentative risquée, nous en sommes conscients, mais nous la proposons tout de même. Le projet échoue, Amelie n’est pas prête, et rien ne se passe.
Nous poursuivons le travail pendant plusieurs mois, jusqu’à un tournant inattendu : Amelie nous demande de parler avec elle. Nous acceptons sans hésiter, curieux de savoir ce qui a poussé la jeune fille à faire cette demande. L’Amelie que nous rencontrons est triste et anxieuse, car son petit ami sort souvent le soir avec ses amis sans l’inviter, et il reçoit de nombreux messages d’autres filles, ce qui la rend extrêmement jalouse.
En peu de temps, Amelie commence à voir les paroles de Manon sous un tout autre jour : elles ne venaient pas de la jalousie, mais d’une sincère inquiétude pour sa sœur.
Une série de rencontres s’ensuit, où nous essayons de rester aussi « neutres » que possible, afin de permettre à tous les membres de la famille d’exprimer leurs préoccupations, leurs attentes, et même leur colère face aux événements. Nous reproposons une rencontre entre les deux sœurs, dans un contexte totalement différent. Nous pensons qu’il serait utile que les deux filles se rencontrent sans notre présence, qui serait maintenant inutilement encombrante.
Amelie et Manon nous disent que la rencontre a été très bénéfique, émouvante, et a marqué le début d’un processus de clarification et de réconciliation, souhaité et espéré par les deux.
De plus, Manon est désormais absolument convaincue qu’elle ne veut plus jamais revoir le garçon qui l’a fait souffrir (avec sa propre « complicité »), avec qui elle devra cependant encore faire face. Les deux sœurs rentrent ensemble à la maison, à la grande surprise et à la joie des parents ! L’unité familiale peut se reconstituer, sans reproches, mais avec un fort désir de regarder vers l’avenir, tous ensemble.
Mis à part quelques tentatives désagréables de l’ancien petit ami de Manon de reprendre contact avec elle, que la jeune fille gère avec le plein soutien de sa famille, la situation familiale s’apaise.
Les axes du travail thérapeutique maintenant consistent pour Amelie à se confronter à son désir d’émancipation familiale sans pour autant avoir encore les « outils émotionnels » nécessaires pour éviter de tomber dans des situations comme celle vécue avec le garçon peu fiable.
Pour Manon, le travail porte sur les nombreuses émotions liées à sa culpabilité d’avoir informé sa sœur de ce qu’elle savait sur le garçon, bien que ce fût dans un but bienveillant, et sur la violente dispute qui a suivi et qui a brisé l’alliance et la complicité entre les deux sœurs.
La reconstitution du cadre familial permet également à Manon d’aborder la nourriture de manière plus saine. Elle recommence lentement à manger et retrouve un poids plus approprié.
Lors d’une des séances, Manon nous dit que son refus de manger était à la fois une punition pour avoir fait souffrir Amelie, mais aussi un moyen de devenir moins attirante pour les garçons, perçus comme des « prédateurs » et peu fiables, qui, bien sûr, ne prêteraient pas attention à une fille toute peau et os…!

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la vie privée-GDPR-règlement UE 2016/679.

Anna et son passé

Anna est une jeune Italienne de 28 ans qui vit en France, à Nice, depuis quatre ans. Dès l’époque de l’université, elle a toujours été très photogénique, au point de pouvoir payer son loyer et ses études grâce à des séances photo qui lui permettaient de subvenir à ses besoins sans difficulté. Pendant un certain temps, elle avait envisagé de se lancer dans le monde du spectacle, mais elle a sagement choisi d’investir dans des études universitaires en langues étrangères.

C’est justement au cours de ses études à l’Université pour étrangers de Pérouse qu’Anna a rencontré Vincent. Une étincelle s’est allumée entre les deux jeunes gens et, à la fin des études de Vincent en Italie, Anna a décidé de le suivre à Nice, où ils ont commencé à vivre ensemble.

Ce furent des années épanouissantes tant sur le plan relationnel que professionnel, jusqu’au moment où ils ont sérieusement pensé à avoir un enfant. Anna tombe rapidement enceinte et la grossesse se déroule sans difficulté. Une petite fille est née et le couple est sur un petit nuage de bonheur. Au début, la ville de Nice, agréable et riche en services pour un couple avec un jeune enfant, se révèle fatigante à la longue, au point que le couple décide de s’installer dans un village à une trentaine de kilomètres de Nice. Le télétravail leur permet de gérer au mieux ce déménagement, heureux de leur petite mais charmante maison avec un jardin.

Malgré la joie d’avoir leur fille, Anna souffre de la prise de poids importante qu’elle a accumulée pendant la grossesse, un poids qu’elle n’a pas réussi à perdre dans les mois suivants. Anna accorde toujours beaucoup d’importance à son apparence physique et se rend compte que cet excès de poids la fait mal vivre son rôle de femme et de mère. Elle en parle à Vincent, qui au début sous-estime sa souffrance, mais finit par comprendre que c’est un sujet trop délicat et douloureux pour sa compagne.

Anna essaie plusieurs régimes sans succès, car elle a toujours faim, bien qu’elle sache qu’elle mange souvent par ennui. Elle décide de consulter un nutritionniste qui lui propose un plan très soigné et personnalisé, mais elle ne parvient à le suivre que pendant quelques mois, ce qui la déçoit beaucoup. Désespérée, Anna discute un jour avec sa petite sœur, qui lui propose un vieux « truc » : « … Mange ce que tu veux et ensuite va vomir, sans que Vincent ne te voie. Au début, ce n’est pas facile, mais ensuite tu y arriveras sans problème… »

Anna n’y avait jamais pensé, et elle trouve l’idée géniale : elle pourra manger, vomir ensuite, et ainsi retrouver son corps et se regarder sereinement dans le miroir. En peu de temps, son poids semble redevenir presque normal. Anna se sent forte et « gagnante », puisqu’elle ne fait de mal à personne !

Ce « truc » fonctionne pendant plus d’un an, jusqu’au jour où Vincent, qui soupçonnait quelque chose, la surprend en train de vomir dans la salle de bain. Un moment très tendu s’ensuit entre eux deux : Anna minimise la situation, mais Vincent est effrayé et conscient de la souffrance de sa compagne. Après une longue nuit de discussions, de clarifications, d’émotions et de pleurs, Vincent propose à Anna de demander de l’aide pour leur couple et ils décident de contacter Soremax.

Les premiers entretiens révèlent un lien de couple fort et authentique. Anna et Vincent s’aiment et sont véritablement complices, en plus d’être des parents attentionnés et affectueux avec leur petite fille. Mais quelque chose de « sombre » transparaît dans les paroles d’Anna lorsqu’elle parle de son adolescence : elle a toujours été une très belle jeune fille, grande, sportive, dynamique, avec une grande envie de vivre et de voyager.

Nous tentons, non sans difficulté, d’approfondir certaines expériences fortes de son passé. Vu la délicatesse du sujet, nous préférons voir Anna séparément de Vincent. La thérapie psychologique n’est pas une question de voyeurisme, mais de prise de conscience de son propre parcours personnel. Anna nous dit : « … Pendant une certaine période, j’ai consommé des drogues légères, de l’alcool et j’ai eu des relations sexuelles avec des garçons rencontrés au cours de mes voyages en Europe… »

Dans cet espace protégé, Anna se souvient d’un épisode avec un garçon rencontré lors d’un voyage en Europe du Nord. Elle ne se souvient pas bien, sa mémoire la trompe peut-être, mais quelque chose de grave s’est manifestement produit. Les effets en sont clairs : pendant quelques mois après ce voyage, elle était très nerveuse, irritable et agressive. Surtout, elle avait arrêté de manger, jusqu’à l’aménorrhée, et elle ne voulait plus être touchée par aucun garçon. Avec difficulté, elle se souvient qu’un garçon l’avait forcée à une relation sans son consentement. Par peur, elle avait laissé faire, mais ensuite elle s’était sentie très mal et… elle se souvient maintenant, elle avait vomi toute la nuit, terrorisée et dégoûtée.

La honte l’avait empêchée de parler de cet incident avec sa famille et ses amies, qui l’avaient pourtant mise en garde contre des comportements trop « désinvoltes » avec des garçons tout juste rencontrés. Maintenant, Anna peut et doit travailler sur ce traumatisme, et surtout sur ses conséquences. C’est à elle de rompre le silence, et elle décide d’en parler à Vincent. C’est un récit douloureux et émouvant, ponctué de pleurs, qu’Anna partage avec Vincent. Il en est profondément touché et réagit en l’enlaçant très fort, renforçant encore leur lien.

Brisant enfin le terrible secret de cet épisode et d’un passé qu’elle aimerait effacer, qu’elle ressent comme un fardeau qu’elle doit partager avec Vincent, Anna passe des semaines qu’elle décrit comme étant en état de catatonie. Elle se sent éteinte, sans énergie psychologique, tandis que Vincent l’aide beaucoup, prenant en charge presque totalement leur fille.

Après plusieurs semaines d’anorexie, Anna commence lentement à manger à nouveau, mais elle est terrifiée à l’idée de ne pas pouvoir « garder » la nourriture et de devoir courir aux toilettes pour vomir. Pour répondre à cette peur, nous lui proposons un accompagnement axé sur la nourriture : le choix de ce qu’elle va manger, la préparation par Anna elle-même, la cuisson et ensuite… le repas à table, sans prêter attention aux calories, aux sucres ou aux quantités. Cela est fait pour aider Anna à redécouvrir le plaisir de manger, la saveur, la fragrance, le goût, la couleur, et non la quantité, qu’elle associe à l’obligation de vomir pour se « libérer » de ce qu’elle a mangé.

C’est un travail délicat et très personnalisé qui permet à Anna de redécouvrir la nourriture sous un jour totalement différent, comme une expérience gustative et non comme une question de quantité, de sucre ou de calories, des aspects qu’elle ne peut tolérer.

Anna est surprise par cette approche, qui lui permet d’« apprendre » une nouvelle manière de manger, tout en douceur, sans hâte ni contrainte, puisque le poids est la dernière de nos préoccupations, étant plutôt la conséquence directe d’un retour à la sérénité, ce qui peut aussi se refléter sur sa relation avec la nourriture et son bien-être général.

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la vie privée – RGPD – règlement UE 2016/679.

Carla et son groupe

Carla a 32 ans et a commencé à présenter des symptômes d’anorexie à l’âge de 13 ans. Elle a progressivement cessé de manger certains aliments, jusqu’à en éliminer beaucoup. À la suite de cela, elle a été hospitalisée pendant deux mois à l’âge de 15 ans, suite à l’intervention de sa famille. D’autres hospitalisations ont suivi, sans la participation active de sa famille : “…Je faisais ma valise après m’être arrangée avec le médecin traitant et j’allais me faire hospitaliser.”
Carla nous raconte que sa vie se déroule entre son travail et ses soins psychologiques. Elle travaille comme psychomotricienne pour enfants. Elle est très engagée dans son travail, pour lequel elle manifeste une grande passion, et qui la met en contact avec des enfants ayant de graves problèmes relationnels et de communication. Ce travail délicat et complexe avec des enfants en difficulté ne lui suscite pas d’angoisse, au contraire, elle dit que cela lui permet de se donner et de soutenir une identité. Concernant son travail, elle dit avoir plus de problèmes avec ses collègues, surtout quand ceux-ci pensent aller au-delà de la relation professionnelle et proposent des situations relationnelles, même simplement amicales. Carla n’a pas d’amis ni de fréquentations, elle vit dans une partie de la maison de ses parents, avec qui elle partage une entrée commune. Elle a essayé de vivre dans un logement loin de ses parents, mais elle n’a pas réussi, car à un moment donné l’angoisse et les crises de panique ont pris le dessus. En dehors de cela, elle fait des balades à vélo, toujours seule, dans des limites assez précises où elle se sent protégée.
Elle a toujours fréquenté des groupes de thérapie corporelle, des groupes où le travail psycho-physique est central pour mettre en relation les émotions avec le corps. Elle nous dira qu’elle a pensé rejoindre un groupe thérapeutique Soremax, car malgré toutes ces années de travail sur elle-même, elle continue à avoir des problèmes liés à la nourriture, même si elle parvient à mieux les gérer aujourd’hui. Elle pense donc que le fait d’entendre les expériences d’autres personnes ayant des difficultés avec la nourriture pourrait lui être utile.
Carla arrive à la première séance de groupe très effrayée et angoissée. Elle s’assoit sur une chaise libre, la plus proche de la porte de sortie, et à partir de ce moment-là, ce sera sa place, qu’elle ne quittera plus. Lors des premières séances de groupe, même sollicitée par les autres participantes, elle parle peu et ne se connecte pas aux discussions du groupe.
Pendant plusieurs mois, Carla exprimera sa difficulté à entrer dans le groupe, en particulier, elle dira que celui-ci est différent des autres auxquels elle a participé. Elle racontera combien il est difficile et angoissant d’en faire partie : “…Ici, nous sommes toujours les mêmes, on se voit toujours le même jour et à la même heure, on ne fait que parler. Dans les groupes d’analyse corporelle, il y a toujours quelqu’un de nouveau, il n’y a jamais toujours les mêmes personnes, même les lieux où les séances ont lieu peuvent changer.”
Pour Carla, certains éléments de constance et de socialité du groupe semblent presque intolérables, ils l’angoissent et la préoccupent, même le simple fait de parler plutôt que d’agir lui paraît inutile. Cette difficulté à participer aux séances la conduira à en manquer beaucoup pendant un certain temps. L’impression est que ces absences sont le signe d’une angoisse presque insupportable de la proximité, à laquelle elle ne peut répondre que par l’éloignement.
Nous évitons de “trop solliciter” Carla pour qu’elle participe, il est préférable qu’elle se donne un peu plus de temps avant de décider si le groupe est utile pour elle. Lorsque Carla reprend les séances, elle nous raconte principalement ce qui se passe ou s’est passé lors des stages d’analyse corporelle, pas toujours faciles à comprendre pour les autres filles. Peu à peu, après un certain temps, Carla commence à se lier à certaines discussions qui se déroulent dans le groupe, tout en gardant toujours une apparence d’étrangeté. En particulier, elle commence à se lier aux discussions que le groupe a sur les parents et leurs bizarreries. Dans l’un de ces récits, à un moment donné, Carla expliquera comment, chez ses parents, elle n’a jamais eu de place qui soit vraiment la sienne. C’est-à-dire qu’elle avait une place à table, un lit, mais les deux étaient offerts aux invités lorsqu’il y en avait. Au point que Carla ne s’assoyait plus à sa place, mais à une place qui restait normalement vide et qu’elle ne sentait jamais être la sienne. Tout cela sera lié à la peur que Carla a par rapport à sa place dans le groupe, à la possibilité que cette place lui soit enlevée, qu’elle puisse être occupée par quelqu’un d’autre.
Une “deuxième phase” commence maintenant, dans laquelle Carla, tout en conservant une position quelque peu isolée et réservée, commencera à se lier, autant qu’elle le peut, aux discussions qui ont lieu dans le groupe.
Carla parlera de sa relation avec sa mère et de la relation de sa mère avec elle. Elle nous dira : “Ma mère ne m’a jamais désirée, elle en avait déjà assez avec ma sœur, elle ne voulait pas d’autres enfants, c’était mon père qui voulait d’autres enfants, qui voulait que sa femme soit mère.” Elle ajoute : “…Ma mère s’est toujours plainte de ma naissance, et je ne me sens reconnue par elle que lorsqu’elle me critique ou me réprimande.” Le père est, quant à lui, décrit par Carla comme un père qui n’a jamais su la défendre auprès de sa mère, trop préoccupé par les réactions de sa femme, bien que gentil et affectueux envers sa fille lorsqu’il n’était pas en colère. Il ressort cependant que cette gentillesse du père envers Carla était reprochée par la mère, qui souvent reprochait à son mari de donner trop d’attention à leur fille. Cette accusation et la jalousie que la mère manifestait envers Carla à cause de l’attention que son père lui portait résonneront souvent en Carla, qui n’arrivera jamais à délimiter clairement ni à comprendre ce que sa mère reprochait vraiment à son père.
Il est à noter que Carla continue à ne pas avoir de relations amicales, encore moins de relations sentimentales, qu’elle n’arrive même pas à imaginer, rien que l’idée la plonge dans un état d’angoisse. De plus, ses balades à vélo, mentionnées précédemment, doivent se dérouler dans des limites précises, car au-delà de ces limites, elle a l’impression qu’elle pourrait être agressée, et elle a dû renoncer à une maison en dehors de celle de ses parents à cause de la peur et de l’angoisse qui la prenait la nuit en entendant les bruits de la rue, imaginant qu’elle pourrait être victime d’une agression.
Les autres discours auxquels Carla pourra se lier dans le groupe sont particulièrement ceux relatifs à des comportements autodestructeurs, que d’autres participantes ont également eus dans leur histoire. Elle racontera notamment qu’elle boit des tisanes si chaudes qu’elle se brûle la gorge au point de devoir recourir à des soins d’urgence, disant qu’elle ne se rend compte de leur chaleur qu’après s’être brûlée.
Un jour, Emma, une camarade de groupe, raconte qu’elle doit quitter la chambre qu’elle loue à cause de travaux urgents (une fuite d’eau) et qu’elle ne sait pas où dormir pendant plusieurs semaines. Carla est bouleversée, car spontanément et sans y réfléchir, elle propose d’héberger sa camarade chez elle pendant quelque temps… Son visage exprime la stupeur qu’elle ressent, mais elle sent qu’elle a bien fait d’offrir un refuge à Emma. Tout le groupe est agréablement surpris par l’offre de Carla, on comprend que c’est un pas très important pour elle, vu sa peur de la proximité des gens. Les deux filles “cohabitent” bien ensemble pendant quelques semaines, à tel point que Carla propose à Emma de rester chez elle en location dans la chambre supplémentaire qu’elle a dans sa maison.
Sitôt dit, sitôt fait, elles s’entendent, et Carla semble plus “souple” et curieuse d’en savoir plus sur Emma, avec qui elle décide de faire des balades à vélo sur ses parcours habituels. Emma, qui a une relation beaucoup plus sereine avec la nourriture, se propose de préparer des plats “light” à partager avec Carla. La présence d’Emma dans “l’espace psychologique” de Carla représente un pas très important vers la socialisation et l’affection.
Plusieurs mois ont passé, Emma est toujours la locataire de Carla et la cohabitation fonctionne bien. Vous serez étonnés d’apprendre qu’un jour, Carla a invité toutes ses camarades du groupe pour un apéritif, dont la préparation “matérielle” est confiée à Emma. Carla prend plaisir à la présence de ses camarades chez elle, surprise de ne pas se sentir angoissée, elle se retrouve même souvent à sourire avec les autres… Que dire, un événement inattendu a poussé Carla à offrir l’hospitalité à Emma, une ouverture “au monde” fruit de la confiance et de la familiarité qui s’est instaurée dans le groupe entre les filles. Une fois de plus, le groupe, en tant que tel, a montré la “force” de la saine socialité, de la confiance et de la familiarité qui peuvent s’établir entre les filles après un temps de fréquentation suffisant.
Le travail thérapeutique se poursuit, et Carla sent qu’elle n’est plus aussi terrifiée par la présence d’autres personnes, en fait, elle mange même avec d’autres filles…


Le texte est rédigé dans le respect du Code de la vie privée – RGPD – Règlement UE 2016/679

Angela

Angela est une jeune Sicilienne issue d’une famille modeste, et parmi les trois filles, elle est la seule à vouloir étudier, soutenue par ses parents qui placent beaucoup d’espoir en elle. Elle obtient une licence en langues et, n’ayant trouvé que des emplois précaires dans sa ville, elle quitte sans hésitation sa maison pour s’installer à Paris, où elle a reçu une offre intéressante d’une entreprise multinationale. Elle peut bien utiliser sa connaissance de l’anglais et, surtout, du français, que tous reconnaissent comme étant de haut niveau.
La vie à Paris n’est pas facile pour elle. Elle emménage avec une amie sicilienne pour partager les frais. Le rythme de la capitale est effréné et le climat la fait souffrir, mais elle accepte de “supporter” cela pour quelques années grâce à son bon travail, en attendant de voir ce que l’avenir lui réserve.
Angela n’a jamais été une grande mangeuse, mais à Paris, elle se nourrit très mal : elle achète des “cochonneries” sans faire attention aux ingrédients, saute souvent le déjeuner, et se goinfre le soir. Son alimentation est très déséquilibrée, et elle boit trop souvent du vin le soir en grande quantité. Sa colocataire, passionnée de cuisine, essaie de l’aider avec des plats savoureux et équilibrés, mais en vain.
Le vin devient un véritable problème pour Angela ; elle en consomme trop et trop souvent, et se sent mal à la maison. Son amie commence à se sentir mal à l’aise lorsque Angela est éméchée, au point de décider de quitter l’appartement pour chercher une autre solution. Angela trouve dans la bouteille son seul divertissement, sa nourriture, son anxiolytique, et sa compagnie.
Après plusieurs retards au bureau, elle reçoit une lettre d’avertissement pour ses horaires non respectés. Son patron, qui l’apprécie malgré tout, essaie de la mettre “dos au mur” pour son propre bien. Après une discussion tendue, Angela promet de rejoindre un groupe d’entraide pour alcooliques, faute de quoi son poste serait en danger.
Quelques mois passent, et Angela semble avoir repris le “contrôle” sur le vin, mais elle ne mange plus et perd du poids à vue d’œil. Ses collègues s’inquiètent pour elle, lui offrent leur soutien, mais la jeune femme, désormais abstinente, est visiblement en sous-poids.
Angela ne retourne pas en Sicile depuis trop longtemps, et ses parents décident (sans lui en parler) de se rendre à Paris pour comprendre ce qui se passe. Ils la trouvent dans un état déplorable, confuse et “perdue”. Ils insistent pour qu’elle rentre avec eux en Sicile, laissant le travail de côté, car il s’agit de sauver Angela, qui est dans une impasse.
Ils la ramènent à la maison pour la soigner. Le médecin de famille explique que la jeune femme doit être suivie dans un centre spécialisé et recommande une communauté spécialisée dans les troubles alimentaires en Lombardie. Angela ne veut pas y aller, mais elle est trop faible pour résister et se laisse convaincre. Elle décrit ainsi son expérience : “… C’était comme une caserne, des dortoirs avec plusieurs lits, aucune intimité, des horaires et des tâches quotidiennes. Des filles qui erraient sans but, des séances de psychothérapie quotidiennes et beaucoup de psychotropes.”
Après deux mois, Angela décide de quitter la communauté malgré l’avis contraire des médecins et de sa famille, et recommence à boire. Elle retourne chez elle, mais garde avec elle le numéro de téléphone d’un psychothérapeute de Soremax, donné par une compagne de chambre. Elle nous contacte, et vu la distance, nous lui proposons initialement des séances par Skype en attendant de voir comment procéder. Angela accepte courageusement de venir à Nice, une ville qu’elle pense pouvoir aimer.
Le travail en personne permet à Angela de commencer à aborder à la fois les questions liées à la nourriture et sa dépendance à l’alcool, toujours présente en arrière-plan. Elle trouve une chambre en location et un petit boulot comme plongeuse dans une pizzeria en ville pour pouvoir continuer le travail thérapeutique.
Au travail, elle se fait apprécier ; elle est bien sûr surqualifiée comme plongeuse, et une cliente de la pizzeria lui propose de s’occuper de son enfant à domicile comme nounou. Angela accepte, les horaires sont normaux et elle aime les enfants, elle en voudrait même un à elle. Un jour, elle arrive en séance très angoissée, raconte un rêve, mais il est trop confus pour être interprété : il y a du vin… une fête… des jeunes… et d’autres éléments peu clairs.
Soudain, elle se souvient qu’un garçon, alors qu’elle était adolescente, l’avait fait beaucoup boire à une fête, puis elle s’était retrouvée dans la rue avec lui, ivre, sans sa veste. Elle est très bouleversée, l’idée commence à germer que le garçon aurait pu lui faire quelque chose alors qu’elle était ivre, car elle ne l’a jamais revu ni entendu depuis. Elle commence à pleurer, ressent un désir incontrôlable de boire, ce qui pourrait expliquer son usage de l’alcool comme “antidote” à l’angoisse liée à des contenus sexuels refoulés.
C’est un passage douloureux et traumatisant qui arrive lentement à la conscience d’Angela, lui permettant de reconsidérer sa dépendance à l’alcool et son utilisation du vin pour “oublier”.
Un mois extrêmement difficile s’écoule, ce qui nous inquiète également, car il semble que la nourriture et l’alcool soient totalement hors de contrôle pour Angela. Nous intensifions les séances pour créer une sorte de “périmètre psychologique” autour d’Angela, qui émerge lentement de ses angoisses. Le travail psychologique et sensoriel sur la question de l’alimentation se poursuit, sans jamais perdre de vue sa dépendance à l’alcool.
Après plus d’un an de thérapie psychologique combinée à un accompagnement ciblé sur la question de l’alimentation pour lui redonner le plaisir de manger à travers les arômes, les couleurs, les goûts et les bonnes associations, Angela a repris quelques kilos et fait beaucoup plus attention à ce qu’elle mange en termes de qualité, sans compter les sucres ou les calories.
Elle a beaucoup moins besoin de boire et se sent physiquement plus légère et “lucide”. Le travail continue, mais Angela n’est plus en danger de mort. Elle peut désormais faire des projets, tant sur le plan professionnel que personnel ; en un mot, elle a retrouvé l’espoir de vivre, qui avait totalement disparu pendant de longues années.

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – règlement UE 2016/679.

Valerie

Valerie est une jeune fille de dix-neuf ans qui déménage à Nice pour chercher un travail loin de son petit village natal.
Elle a deux frères plus âgés qu’elle qu’elle décrit comme grossiers et passionnés uniquement par le football.
 Avec ses parents, la relation est “essentielle”, elle décrit son père comme un grand travailleur (il est maçon) qui ne manque de rien à la maison mais parle très peu et a du mal à interagir avec Valerie.
Sa mère est la classique femme au foyer qui s’occupe de faire tourner la maison, elle lave et cuisine pour tous “ses garçons”. Valerie décrit sa mère comme une bonne personne, dévouée au sacrifice pour sa famille et qui ne demande rien pour elle-même.
Dès qu’elle obtient son permis de conduire, papa et maman lui offrent une petite Smart, ce qui est un très grand cadeau pour elle, totalement inattendu.
Elle est très heureuse de cette petite voiture et commence à penser à quitter son village pour venir à Nice, chercher un travail et ensuite voir ce qui se passe…
Les parents sont tristes de la voir partir, mais conscients que dans le village, elle n’a aucune chance de trouver un travail intéressant, tandis que les deux garçons travaillent déjà avec leur père et cela leur convient bien.
Valerie n’a pas de diplôme, elle n’a jamais eu envie d’étudier et n’a pas d’intérêts particuliers. À Nice, elle trouve un travail comme serveuse dans un restaurant sur le front de mer.
Elle partage la maison avec deux autres filles françaises, une situation qu’elle considère positive étant donné que les trois filles se fréquentent également en dehors du travail, agréablement.
Valerie a toujours été mince et soignée dans son apparence, elle plaît aux garçons et a eu une relation avec un garçon de son âge qu’elle décrit comme timide et affectueux. Ils ont été ensemble pendant deux ans puis, d’un commun accord, ils se sont séparés car : “…Notre relation était devenue éteinte, seulement de la routine et aucun projet pour l’avenir…”
 Valerie, poussée par ses deux colocataires, commence à boire du vin et parfois des spiritueux, elle traîne tard dans les bars, va danser et sent que la vie dans la “grande ville” est faite pour elle.
Elle rencontre quelques garçons mais ne se sent pas prête pour une relation sérieuse, elle veut s’amuser et ne pas penser, pour le moment, à l’avenir.
Avec ses colocataires, elles décident de partir en vacances ensemble en Corse pendant trois semaines dans un village de vacances. L’expérience du village plaît beaucoup à Valerie : la mer, le soleil et le divertissement le soir avec de nombreux garçons sympathiques qui “flirtent” avec les trois amies.
Un garçon en particulier se rapproche beaucoup de Valerie. Henri est l’un des animateurs du village, beau, sympathique, athlétique, toujours souriant. Vous avez bien compris la suite, ils ont une histoire au village qui aurait pu se terminer là, mais…
Mais Valerie et le garçon décident de continuer leur histoire même si Henri doit rester sur l’île pour son travail pratiquement toute l’année.
Grâce aux vols low cost, ils parviennent à se voir chaque mois, soit en Corse, soit à Nice, et tout semble aller pour le mieux entre les deux jeunes.
Non seulement cela, mais Valerie commence à penser à déménager en Corse pour trouver une petite maison avec Henri et emménager ensemble. Ils en parlent souvent et tout semble réalisable dans un avenir proche.
Un jour, Valerie sent Henri “froid et distant”, elle ne comprend pas bien ce qui se passe et n’obtient pas de réponses de la part du garçon. Ils devaient se voir quelques jours plus tard, mais Henri hésite et ne fixe pas de date pour leur rencontre. En bref, Valerie “sent” qu’Henri lui cache quelque chose de très important. Soudain, le garçon “disparaît”, il ne répond plus aux messages ni au téléphone, comme s’il était mort.
Valerie retrouve le numéro de téléphone d’un garçon du même village et lui demande des nouvelles d’Henri. La réponse est un coup de poing au cœur pour Valerie. Le garçon lui dit que la femme d’Henri est venue au village pour rester avec lui maintenant qu’elle est enceinte !
Panique, déception, colère et consternation, Valerie est anéantie. L’effet sur elle est dévastateur, elle ne dort pas pendant des jours, ne mange pas, pleure, prend un mois de congé maladie et commence à prendre des psychotropes. Les colocataires font de leur mieux pour rester à ses côtés, mais c’est très difficile, Valerie ressemble à un zombie. Elle perd rapidement du poids, ne boit que de l’eau et dit qu’elle veut se suicider. Les colocataires sont terrorisées, elles sont convaincues que Valerie ne le pense pas vraiment, mais c’est le signe d’une immense souffrance face à ce qui s’est passé.
Quelques mois passent, pendant lesquels Valerie reprend partiellement le travail, elle est d’une maigreur effrayante et n’a plus ses règles. Forcée par son médecin, elle entre à l’hôpital pour quelques semaines, une expérience très négative, selon Valerie. “…Des journées interminables, marquées uniquement par les repas sous le regard vigilant et inquisiteur des infirmières. Nourriture sans goût et beaucoup d’ennui. Beaucoup d’autres filles comme moi, désespérées et “invisibles”…” 
Elle sort de l’hôpital avec quelques kilos de plus, mais toujours déprimée et blessée dans son âme.
Elle continue ainsi pendant un an, Valerie est toujours extrêmement maigre et a peur de manger, dès qu’elle mange quelque chose, elle sent son estomac sur le point d’exploser et a souvent envie de vomir.
Ses colocataires la “prennent en main” et l’obligent à prendre rendez-vous avec Soremax, et l’accompagnent au rendez-vous avec l’espoir de retrouver l’amie qui semble maintenant se laisser aller sans aucun désir.
Pour comprendre la peur de la nourriture que Valerie ressent comme une menace, potentiellement toxique, et donc impossible à consommer comme aliment, nous lui proposons notre test PCS.
Le test PCS vise à explorer les émotions profondes qui empêchent Valerie de voir les aliments pour ce qu’ils devraient être : de la nourriture, bien sûr, mais aussi (et surtout) du goût, du plaisir, du parfum et de la satisfaction.
Le test comprend également une série de dégustations (carottes, tomates cerises, Parmigiano Reggiano, olives, Feta…) et à partir de ces dégustations, nous pouvons recueillir des informations précieuses sur la connexion entre la nourriture et les émotions de Valerie. Ces connexions nourriture-émotions sont le point de départ du travail thérapeutique et de la reprise d’une alimentation où la saveur, l’odeur et le goût redeviennent fondamentaux.
Le travail psychologique et thérapeutique des entretiens va de pair avec la reprise du plaisir de manger, dans un processus qui nécessite l’exploration des deux aspects pour permettre à Valerie de surmonter le choc de la “trahison” d’Henri, de reprendre pleinement sa vie et, bien sûr, de se nourrir sans percevoir la nourriture comme un poison ou un ennemi à éviter absolument.

Le texte est rédigé dans le respect du Code de la Privacy – RGPD – règlement UE 2016/679.